L'Arche de M. Servadac

L'Arche de M. Servadac

De Karel Zeman - 1h14 - 1970 (Tchécoslovaquie)
L'Arche de M. Servadac
à partir de 9 Ans

Synopsis

Au soir de sa vie, M. Servadac se rappelle sa jeunesse… Il se revoit au service de l’armée coloniale française, en Afrique du nord, en 1888, où il vécut une fabuleuse aventure qu’il entreprend de nous raconter.
Alors qu’il est en train de faire des relevés cartographiques, le colonel Servadac tombe malencontreusement du haut d’une falaise, dans la mer. Au moment où il reprend ses esprits, il se trouve face à la femme de ses rêves, Angelika. Une étrange comète passe alors dans le ciel. Dans sa trajectoire, elle arrache le morceau de Terre sur lequel ils se trouvent. À bord de cette nouvelle planète, la communauté des survivants est constituée de l’armée française - en conflit avec des nomades arabes, l’armée britannique -, un trafiquant d’armes, des navigateurs, et nos deux héros, Servadac et Angelika.

Le bouleversement du système solaire a de multiples conséquences, en premier lieu celle de ranimer des animaux préhistoriques, dont il faudra trouver le moyen de se débarrasser, puis la planète Mars menace de s’écraser sur l’arche. La fin du monde semble imminente, M. Servadac prêche alors la réconciliation générale. Pour un temps, la paix s’installe… jusqu’à ce que le danger de collision soit écarté. Les affaires et les conflits peuvent alors reprendre de plus belle !

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L'avis de Benshi

L'univers visuel de Karel Zeman consiste en un collage d'éléments hétéroclites, qui forme pourtant un tout absolument cohérent. Son univers est totalement singulier, étonnant, magique et merveilleux. Pour L'Arche de M. Servadac, Zeman prend comme matériau de base de vieilles cartes postales de la fin du XIXᶱ siècle, représentant l'Empire colonial, aux tons bistres, avec une palette de couleurs allant du jaune safran au brun foncé. Zeman joue avec ces clichés ouvertement colonialistes et ses figures exotiques, montrant un monde idyllique, une sorte de paradis sur Terre, afin de les renverser, pour en démontrer l'illégitimité. Sa férocité et son sens critique s'attaquent de la même façon à l'armée, ce qui fait de L'Arche de M. Servadac un film également antimilitariste.

Mais L'Arche de M. Servadac est avant tout un film d'aventure aux rebondissements inattendus qui nous transporte dans un monde où rien n'est prévisible. L'exemple le plus convainquant est l'attaque de la garnison par une troupe d'animaux préhistoriques ! Le génie de Zeman s'impose à travers ses trucages et ses effets spéciaux. Zeman joue des transparences avec brio, ce qui rend ces apparitions aussi extravagantes que tout à fait crédibles dans le contexte fantastique, qu'il a préalablement établi comme normal. C'est là que réside la plus grande force des films de Zeman : il pousse l'art de l'illusion à l'extrême et pourtant ce n'est jamais trop ! Dès l'ouverture, nous sommes prévenus que cette histoire se déroule au pays des mirages. La suite est par conséquent logique, même si elle est incroyable. Karel Zeman, qui faisait dire à son personnage le Baron de Crac « la force qui l'attire vers les étoiles, c'est l'imagination », est un maître pour transformer l'extraordinaire en ordinaire.

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« Le Méliès tchèque »

Karel Zeman est souvent appelé ainsi. Georges Méliès est un des tout premier réalisateurs de l’histoire du cinéma. Avant de devenir cinéaste, Méliès était prestidigitateur. Lorsqu’il assiste à la toute première projection des frères Lumière, sur les Grands Boulevards à Paris, le 28 décembre 1895, Méliès pressent immédiatement l’usage qu’il pourra faire du cinématographe. Cette merveilleuse invention complètera à merveille son attirail de magicien. Il imagine d’emblée qu’il pourra filmer des mondes imaginaires, que la caméra met désormais à sa portée. Avec lui, le monde n’aura d'autres limites que celles de son imagination. Méliès est l’inventeur des trucages. Ses « films à trucs » combinent des disparitions, apparitions, substitutions et des décors merveilleux. Avec lui, le cinéma se peuple de fantômes, de sirènes et de créatures plus féériques les unes que les autres. Voici quelques titres de films de Méliès, qui atteste du foisonnement visionnaire de son imagination : Les Illusions fantastiques, Le Voyage dans la lune, 20 000 Lieues sous les mers, Le Tunnel sous la Manche.

Karel Zeman, 50 ans plus tard, reprend à son compte les trucs inventés par Méliès, les améliore techniquement et crée à son tour un univers fantastique. Il y a entre ces deux artistes de nombreux points communs, à commencer par leur passion pour Jules Verne, mais également des coïncidences poétiques, des destinations communes vers des planètes ou des îles inconnues, et ce qui les lie surtout, c'est leur exigence. Ils travaillent sans relâche, en modestes artisans, en expérimentant. Ils sont tous deux touche-à-tout : bricoleurs de génie, hommes-orchestres, auteurs, cameramans, maquettistes, décorateurs, animateurs, réalisateurs capables de prouesses techniques adaptées à leur imagination débordante.

En poursuivant cette lignée d'artistes, on trouve d'autres génies des effets spéciaux et de l'animation, qui reconnaissent en Zeman leur père : Ray Harryhausen, Terry Gilliam, Tim Burton...

Découvrez ce dossier pédagogique riche et passionnant sur l'œuvre de Karel Zeman conçu par Malavida.

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Notre poète de l'animation a son louangeur : Xavier Kawa-Topor, qui a écrit de nombreux textes sur Karel Zeman.

Xavier Kawa-Topor souligne le ton mélancolique du film, qui s'ouvre sur cette phrase prononcée par Servadac lui-même : « Ce ne sont que des cartes postales et des illusions perdues ». En effet, L'Arche de M. Servadac, c'est la jeunesse à jamais envolée et en même temps l'évocation du désenchantement provoqué par la fin du Printemps de Prague.

Découvrez le site du distributeur Malavida, ange gardien de Zeman, à qui l'on doit les ressorties de ses courts et longs métrages.

 

Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour l’aventure !
  • 2 Pour l’imagination au pouvoir et le plaisir des yeux !
  • 3 Pour aller de surprise en surprise
  • 4 Pour le ton à la fois joyeux et ironique de cette fable antimilitariste

Pour quel public ?

À partir de 9 ans et que l'aventure commence !

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