La Prisonnière du désert
Rédigée par Anne Charvin

La Prisonnière du désert

De John Ford - 1h59 - 1956 (États-Unis)
La Prisonnière du désert
à partir de 8 Ans

Synopsis

Texas, 1868. Trois ans après la guerre de Sécession, Ethan Edwards revient dans sa famille. Il retrouve son frère, sa belle-soeur, ses deux nièces et son neveu. Mais alors qu'il était parti récupérer du bétail, une attaque comanche survient.
Lorsqu'il revient au ranch, la ferme se consume, Martha, Aaron et Ben ont été tués. 
Ethan et Martin, un jeune homme proche de la famille partent alors sur les traces des fillettes disparues, possibles survivantes.
Une errance de plusieurs années comence, à travers les formidables paysages de l'ouest américain.

Rédigée par Anne Charvin
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La Prisonnière du désert est un western flamboyant et tragique, dont l’intense beauté est égale à sa féroce âpreté. Le titre original, The searchers, raconte bien mieux le film que le titre français puisqu’il met l’accent sur ceux qui cherchent plutôt que sur l’objet de cette quête. Après le massacre de toute sa famille par des Comanches,  Ethan et son neveu, Martin, cherchent Debby, seule possible rescapée. Ils chevauchent, seuls, à travers l’immensité de l’Ouest américain, sous la chaleur écrasante, sous la neige qui recouvre les plaines. Ils ne cessent de chercher. Et ce durant plusieurs années. Le film de Ford est un film étonnant car s’il fait figure de classique dans le genre du western (il est d’ailleurs intéressant de noter que la plupart de l’imaginaire que nous avons de l’Ouest américain a été véhiculé par Ford lui-même), il y a en son sein plus qu’une aventure épique teintée d'humour. Le film est violent, âpre, dur, tout comme son personnage principal, Ethan, cow-boy vieillissant et taciturne, avide de vengeance, superbement interprété par John Wayne. Nous suivons le parcours de cet homme qui, revenu d’une guerre, ne sait plus comment trouver sa place dans le monde, ne sait pas comment pardonner, ne sait pas non plus comment revenir aux siens. Ford filme « la tempête sous le crâne d’Ethan »*, son entêtement, son mutisme, sa haine mais aussi son imperceptible changement. Car si la fin du film le voit s’éloigner (il a accompli sa tâche), et retourner au désert, c’est pourtant bien un autre homme que celui qui arrivait au début du film, conscient de ce qui se cache au plus profond de lui, et sans colère. Ethan a trouvé ce qu’il cherchait, Debby, sa nièce mais aussi, peut-être un peu plus que cela. Et la porte qui se ferme dans le superbe plan final laissera longtemps l'empreinte de sa mélancolie, celle d'un homme qui a traversé l'histoire et qui ne trouve plus sa place.

* Pierre Gabaston in Cahier de notes sur La Prisonnière du désert, édité par Les enfants de cinéma.

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Des scènes en miroir : 
Le film de Ford est extraordinairement riche et il est intéressant de noter quelques scènes qui se construisent en miroir et qui permettent d'éclairer, ne serait-ce qu'un peu, l'oeuvre : 
 - Tout d'abord, la scène d'ouverture : après un générique sur fond de mur de briques, un écran noir, puis une porte qui s'ouvre, dévoilant la lumière éblouissante d'un paysage désertique. Au loin, un homme. Ethan revient parmi les siens après plusieurs années d'absence.
La scène de fin reprendra en miroir cette séquence initiale puisque c'est au travers d'un même encadrement de porte, donnant sur ce même désert que le spectateur verra cette fois s'éloigner Ethan, devenir de plus en plus petit dans le paysage, jusqu'à s'y fondre. Le film débute donc par un retour et se termine par un départ.
 - Une autre scène, beaucoup plus courte, tient un rôle très important dans le film. Ethan, qui vient de rentrer, observe ses neveux et nièces. Il s'approche de Debbie, la plus jeune, et la soulève à bout de bras, dans un geste affectueux.
Quand des années plus tard il retrouve enfin Debbie, qui est devenue une jeune femme, ses intentions meurtrières semblent s'évanouir à l'instant même où il la soulève une nouvelle fois dans ses bras. Comme si ce geste inaugural, lui rappelant l'enfant qu'il avait aimée, l'empêche de céder à ses pulsions de haine.

Inspiré d'un fait réel :
Un fait réel est à l’origine du scénario du film. En 1860, le capitaine Sul Ross lance une opération contre les Comanches. Le 18 décembre, près de la Pease River, ses cent cinquante hommes occupent un camp qu’ils détruisent en tuant femmes et enfants. Les guerriers sont absents. Un soldat rattrape une squaw qui s’échappait à cheval. Ross l’examine et s’aperçoit qu’elle a les yeux bleus et les cheveux blonds. C’est Cynthia Ann Parker, capturée par les Comanches, en 1836, à l’âge de neuf ans, lors d’une attaque d’un ranch fortifié. Elle était la femme du chef Nacona. Sa famille d’origine à peine retrouvée, elle apprit l’anglais mais une nostalgie lancinante rongea son cœur. Elle essaya de revoir son mari et ses enfants. Cynthia Ann Parker dépérit et mourut en 1864. Nacona ne survivra pas à son départ.

Les décors :
Les paysages filmés dans La Prisonnière du désert sont ceux de Monument Valley, un lieu que Ford affectionnait particulièrement puisqu'il y tournera pas moins de 9 films. On peut évoquer avec les plus jeunes, Lucky Luke, dont le créateur, Morris, aimait particulièrement les films de Ford et a souvent dessiné ce même paysage, emblématique de l'Ouest américain.

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Pour aller plus loin avec les enfants qui auraient aimé ce film, il serait intéressant de leur faire découvrir d'autres westerns, particulièrement ceux proposant d'autres points de vue sur l'histoire de la conquête de l'ouest : Little big man d'Arthur Penn, La Flèche brisée de Delmer Daves ou encore La Rivière de nos amours, d'André de Toth.
On peut aussi noter que Ford réalisera par la suite des westerns pro-Indiens, comme l'étonnant Les Cheyennes.

Pour entrer plus doucement dans l'univers de Ford et du western on peut montrer aux plus jeunes (dès 6 ans), Le Fils du désert, une adaptation par Ford de la légende des Rois mages ou quand trois bandits découvrent un bébé au milieu du désert et promettent à sa mère de l'emmener jusqu'à bon port.

La Prisonnière du désert est inscrit au catalogue du dispositif national Ecole & Cinéma. Retrouvez la fiche "en famille" sur la plateforme Nanouk

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour découvrir un western superbe, aux personnages complexes et aux couleurs éclatantes.
  • 2 Pour suivre une quête haletante au coeur des paysages de l'ouest, sous la neige ou la chaleur aride.
  • 3 Pour se questionner sur la place de « l'autre ».

Pour quel public ?

La Prisonnière du désert est un western qui peut-être vu à partir de 8 ans, accompagné. La dureté du film sera adoucie pour les plus jeunes par le genre même du western et l'humour très présent et le caractère ambigü d'Ethan pourra donner lieu à d'intéressantes discussions.
Pierre Gabaston écrivait sur ce film : « Conduire les enfants dans une salle de cinéma voir La Prisonnière du désert est une bouleversante connaissance poétique et plus que jamais une décisive expérience politique. Il faut les deux, réunies dans la plénitude d’une grande œuvre ». 

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