Le Gone du Chaâba

Le Gone du Chaâba

De Christophe Ruggia - 1h36 - 1997 (France)
Le Gone du Chaâba
à partir de 9 Ans

Synopsis

L'histoire se déroule en France en 1965, et commence alors que l'Algérie fête le troisième anniversaire de son indépendance. Nous sommes au « chaâba », c'est-à-dire au « village », un village habité par la communauté algérienne récemment immigrée et constituée de femmes, d'hommes et de nombreux enfants. Le village est en réalité un bidonville, installé en périphérie d'une métropole. Le Gone du chaâba est une chronique de la vie quotidienne, essentiellement perçue du point de vue des enfants (« gone » signifie « gosse » dans un patois lyonnais), et particulièrement du point de vue d'Omar, gone principal. Le quotidien d'un bidonville, c'est d'abord la boue, omniprésente, l'unique fontaine tant convoitée, l'unique toilette, les discussions, les repas, les rites collectifs, tels que la circoncision, les fuites d'eau, les incendies, la recherche de trésors à la décharge et, pour les enfants, l'école. À l'été 1966, le bidonville se vide peu à peu de ses habitants, qui sont progressivement relogés dans des immenses barres de HLM.

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Pour autant que la vie quotidienne dans un bidonville soit terrible, le film n'est en aucun cas misérabiliste. Dure et douloureuse, la réalité l'est. Violente également, on ne compte ni les claques, ni les coups dans les remontrances des parents (ni les bagarres), mais l'énergie vitale des gones est telle qu'elle ne s'appesantit jamais sur la misère. Parce que Le Gone du chaâba est d'abord un film sur l'enfance, au même titre que Les 400 Coups, par exemple, et un film qui place les enfants au premier plan. Lorsqu'un cinéaste prend le temps d'accorder son regard à celui des enfants et que nous finissons par regarder la réalité de leur point de vue, alors celle-ci ne peut manquer de nous étonner, et ce n'est pas la misère qui vient au premier plan.

Ensuite, Le Gone du chaâba est un film sur l'école. Généralement, les enfants adorent voir, dans les films, d'autres enfants aller à l'école. Ils ne seront pas déçus avec Le Gone du chaâba, tant elle y est primordiale. Les seules fois où la caméra sort des limites du chaâba, c'est pour filmer la salle de classe et la cour de récréation. Mais aussi parce que l'école symbolise l'unique porte de sortie de la relégation sociale. Et, qu'ils en aient conscience ou non, tous les personnages, les enfants comme les adultes, sont amenés à se positionner par rapport à l'école.

Le Gone du chaâba est aussi un film historique. Dans le roman d'Azouz Begag, le chaâba est situé à proximité de Lyon. Dans le film, la situation géographique n'est pas précisée, il pourrait tout aussi bien s'agir du bidonville de Nanterre, près de Paris. Ce chaâba vaut par conséquent pour tous les bidonvilles de France. Le Gone du chaâba est donc une fiction sur un épisode réel de l'histoire de France. N'oublions pas qu'au début des années 1960, en France, il a existé des bidonvilles, où survivait la communauté maghrebine, dans des conditions aussi douloureuses que celles qui sont montrées dans le film.

Finalement Le Gone du chaâba est un film politique aux résonances très actuelles, qui pose la question de l'intégration. La réponse est sans équivoque : elle passe par l'école de la République, par la connaissance et par la littérature. « Dans la vie, Omar s'appelle Azouz Begag. Le film est adapté de son roman autobiographique, Le Gone du chaâba. Aujourd'hui, Azouz Begag est chercheur au C.N.R.S. et écrivain. » C'est sur ces mots que se clôt le film, comme ultime preuve que la réussite est possible et comme dernier raccord à la réalité.

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Dans ce film, les adultes peuvent paraître excessifs, parfois ridicules. En tout cas, il en ressort aussi que l'éducation ne rigolait pas à l'époque : les claques fusaient ! Ce regard amusé et critique sur les adultes rend le film plus léger, mais cette légèreté a des limites, qu'incarne avec beaucoup d'émotion Mohamed Fellag. Nous pourrons regarder cet extrait d'un des spectacles de ce grand humoriste mélancolique : http://www.dailymotion.com/video/x20lfu_fellag-nous-les-berberes_fun

Nous pourrions (re)voir également La Guerre des boutons, parce qu'il a été tourné en 1962, quasiment au même moment où se déroule l'histoire du Gone du chaâba, et aussi pour les enfants et leur regard sur le monde des adultes.

Dans cette série de frise, nous pourrions proposer celle des instituteurs. Ici c'est François Morel qui incarne l'enseignant Vème République, avant la pédagogie Freinet et avant 1968, mais qui se révèle un juste exemple, en ne dénonçant pas un enfant qui l'a blessé. Cela nous rappelle un autre instituteur, magnifique, Maurice Pialat dans La Maison des bois, du même Maurice Pialat.

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Voici le poème de Maurice Carême, Liberté, qui est récité par Omar :

Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin !

Partez dans le vent,
Suivez votre rêve ;
Partez à l’instant,
La jeunesse est brève !

Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !

Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L’horizon briller.

Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
A ceux qui n’ont rien.

Les plus grands pourront se lancer dans la lecture du roman autobiographique d'Azouz Begag, Le Gone du chaâba, édité par Les Editions du Seuil en 1986, et dont est adapté le film.

Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour la joie de vivre de tous les enfants/acteurs
  • 2 Pour le témoignage sur une page d'histoire de la France
  • 3 Pour comprendre des choses du monde d'aujourd'hui

Pour quel public ?

A partir de 9/10 ans, en famille ou en groupe pour toutes les questions que ce film va soulever.

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