Dans un village de Toscane à la fin du XIXe siècle, un vieux menuisier nommé Geppetto fabrique un pantin articulé qu'il baptise Pinocchio, et qui remplacera le fils qu'il a toujours rêvé d'avoir. Pendant la nuit, la Fée Turquoise transforme Pinocchio en un vrai petit garcon...
L'histoire de Pinocchio fit l'objet de maintes adaptations au cinéma, la plus célèbre étant celle de Walt Disney, réalisée en 1940. Plus de trente ans après, Luigi Comencini se voit confier la réalisation d'une nouvelle version d'abord destinée à la télévision italienne, puis au cinéma. Ces Aventures de Pinocchio offrent une lecture inédite du conte de Carlo Collodi.
L'une des idées les plus originales du film est de ne pas représenter Pinocchio comme un pantin de bois qui cherche à devenir un vrai petit garçon : il apparait dès le début transformé en garçonnet de chair et d'os, mais pour demeurer ainsi, il devra veiller à ne pas faire de bêtises et à être le plus sage possible. Sinon, il redeviendra un pantin... Avec ce point de départ surprenant, Comencini livre un récit d'apprentissage aussi jovial que poignant sur le fait de bien se conduire : espiègle et parfois turbulent, Pinocchio doit apprendre à devenir un garçon bien élevé et responsable de ses actes, dans une société qui ne ménage pas les enfants.
On retrouve dans cette adaptation les scènes les plus emblématiques du conte : le nez de Pinocchio qui s'allonge, l'intervention de Chat et de Renard, la transformation en âne, la fuite du gosier du requin géant... Mais ici, Comencini donne plus d'importance au réalisme qu'au merveilleux. On pense beaucoup aux romans de Charles Dickens (Oliver Twist) et au néoréalisme italien (notamment Le voleur de bicyclette). Ce qui importe le plus pour le réalisateur, c'est de montrer l'enfance comme un symbole de pureté et d'innocence face à la cruauté de la misère sociale et aux esprits les plus malfaisants que cette dernière peut engendrer. En effet, durant son périple, Pinocchio fait plusieurs mauvaises rencontres : des êtres brutaux et méchants, des voleurs et des monstres...
Mais devant chacune de ces tristes expériences, Pinocchio ne baisse jamais les bras. Au contraire, son désir de retrouver son père, Geppetto, en est doublement renforcé. Ce qui a toujours fait la beauté d'une histoire, c'est sa valeur universelle et intemporelle. Et cette adaptation restitue la même émotion que celle procurée par le conte original : celle de voir réunis un père et son fils, séparés par le tumulte de l'existence.
Luigi Comencini (1916-2007) suivit une formation d'architecte avant de travailler dans la conservation des fonds d'archives du cinéma italien à la Cineteca Italiana. Cette première expérience le tourne progressivement vers le métier de critique, puis scénariste et assistant réalisateur. Après la seconde guerre mondiale, il réalise quelques courts métrages documentaires puis son premier long métrage en 1948 : De nouveaux hommes sont nés.
Comencini aborde de manière récurrente le thème de l'enfance (souvent sur un mode dramatique), plus particulièrement des rapports difficiles entre enfants et adultes. On retrouve cette thématique dès son premier film, De nouveaux hommes sont nés (1948), puis dans Heidi (1952), Tu es mon fils (1956), L'incompris (1967), Les Aventures de Pinocchio (1971), Eugenio (1980), Un enfant de Calabre (1987) et enfin dans son dernier film, Marcellino (1991).
A l'origine, Les Aventures de Pinocchio a été réalisé pour la télévision, en six épisodes de 55 minutes. Cette mini-série fut diffusée sur la chaîne de télévision italienne la Rai, avant d'être remontée en une version de deux heures pour l'exploitation en salles.
Gina Lollobrigida, qui incarne la Fée Turquoise, joua auparavant Adeline la Franchise dans le film Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque (1952).
Le personnage du juge est interprété par Vittorio de Sica qui n'est autre que le réalisateur du Voleur de bicyclette (1948).
Lire la suite MasquerLe film de Comencini est disponible en DVD et Blu-Ray aux éditions Doriane Films.
L'oeuvre originale de Carlo Collodi est disponible en librairie, dans la Collection Folio Classique.
A partir de 8 ans. La durée du film, 2 h 05, peut notamment être un peu longue pour les plus jeunes.