Une femme disparaît
Rédigée par Nadia Meflah

Une femme disparaît

De Alfred Hitchcock - 1h37 - 1938 (Royaume-Uni)
Une femme disparaît
à partir de 10 Ans

Synopsis

Dans un hôtel des Balkans, Iris Henderson passe la nuit avant de reprendre le train pour Londres. Elle rencontre un musicologue plutôt goujat, Gilbert, et une vielle dame charmante, Miss Froy. Lors du voyage vers Londres, celle-ci disparaît pendant le sommeil d'Iris : à sa place se trouve une autre dame portant les mêmes vêtements. Aucun passager du train ne se souvient de Miss Froy. Iris part à sa recherche mais se heurte à l'incrédulité des autres voyageurs qui affirment n'avoir jamais vu cette dame dans le train. Après avoir convaincu Gilbert de l'aider dans sa tâche, Iris mène l'enquête. Quatre autres Britanniques seront embarqués dans l'histoire : deux amateurs de cricket obsédés par l'idée d'arriver à temps à Londres pour un match, et un couple d'amants qui souhaitent rester discrets.

Rédigée par Nadia Meflah
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Dès l'ouverture du film, le ton est donné avec cette galerie de personnages confinés dans un hôtel où le manque de place est criant. Tout le monde veut partir et prendre le train, mais la malice de la météo - une avalanche -, leur tombe dessus avec son lot d’inconfort. Spectateurs de leurs déconfitures, nous assistons à une savoureuse mélodie des langues européennes, la cacophonie semble régner alors que la chorégraphie se mets en place, dans une fluidité remarquable, et ce avec un sens aiguisé pour brosser les caractéristiques de chacun. La musique est un élément moteur de l'action et chacun a droit à sa petite musique, elle sera même ce qui liera les trois personnages principaux de l'intrigue : Iris, Miss Froy et Gilbert. Il y a un côté La Bruyère chez Alfred Hitchcock qui se déploie pour notre plus grande joie. Tant pour critiquer un cosmopolitisme où la compréhension mutuelle a disparu, que la forfanterie d'une certaine bourgeoisie anglaise, coincée dans ses conventions : le couple adultère, l'autre couple, deux hommes, pédants amateur de criquets, les Français grincheux etc. Après cette première partie du film où nous avons eu droit à la présentation de chacun, le film bascule dans une autre dimension dès les portes du train franchies. Là où l'humour du cinéaste nous réjouit, c'est dans la superposition de deux dynamiques opposées. Au confinement de l’hôtel correspondait un ballet continuel des corps et de désirs. Au démarrage du train, à cette invitation au voyage qui est le propre du cinéma (voyager de son siège en admirant les scènes défiler), Iris ne trouve pas mieux que de s'évanouir, dans une parfaite synchronisation. La vie bascule dans tous les sens du terme pour elle à ce moment, et pour nous aussi puisque, dès le train en marche, c'est quelque chose d'autre qui aussi se met en marche : l'intrigue policière. Mais c'est une intrigue assez rocambolesque, avouons le. Comme si c'était la seule manière pour le cinéaste de nous faire saisir toute l'absurdité de ce monde européen, au bord du gouffre que sera la Seconde Guerre mondiale. Rien n'est clair, tout est criard, confus, obscur, drolatique, suspect, étrange, inquiétant. Le mélange des genres – comédie satirique et intrigue policière, sied à cet imbroglio, en écho à la scène d’ouverture où nous assistions à un charivari des langues. Une femme disparaît et tout devient jeu de dupe et de masque, jeu de triche et d'intrigue. Un peu comme un immense jeu Cluedo dans un train qui défie les lois de la gravité (une femme disparaît sans que personne ne semble le remarquer) et du temps (le temps de l'Histoire opposé aux temps des personnages).

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Un succès international pour un film tourné en studio en Grande Bretagne
Une femme disparaît, (The lady vanishes en anglais), demeure à ce jour le plus gros succès de la  période anglaise du réalisateur. La très grande majorité du film a été tournée dans un studio de trente mètres de long (dans des studios de Islington et de Shepherd's Bush à Londres). Hitchcock utilise merveilleusement les transparences,  les projections pour recréer l'environnement du train. Quant aux scènes de train, elles ont été prises dans le comté de Hampshire, sur le chemin de fer militaire de Longmoor et dans la forêt Woolmer. 

Un autre cinéaste pressenti

A l'origine, ce n'était pas Alfred Hitchcock qui devait réaliser
Une femme disparaît mais Roy William Neill, un cinéaste célèbre pour avoir mis en scène plusieurs films sur Sherlock Holmes. Le tournage débuta en Yougoslavie, mais l'équipe fut rapidement chassée du pays, la police yougoslave étant décrite, dans le scénario, de manière très peu valorisante. Du coup, le projet fut annulé pour être finalement confié à Alfred Hitchcock un an après. Hitchcock par Hitchcock « Tourner des films, pour moi, cela veut dire d’abord, et avant tout, raconter une histoire. Cette histoire peut être invraisemblable mais elle ne doit jamais être banale. Il est préférable qu’elle soit dramatique et humaine. Le drame, c’est une vie dont on a éliminé les moments ennuyeux. (…) La seule question que je me pose est de savoir si l’installation de la caméra à tel ou tel endroit donnera à la scène sa force maxima. La beauté des images, la beauté des mouvements, le rythme, les effets, tout doit être soumis et sacrifié à l’action. »

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Alfred Hitchcock, le figurant le plus célèbre du cinéma Hitchcock est célèbre pour ses apparitions furtives dans ses films. Il se montre ainsi dans la plupart d'entre eux. Si elles sont devenues un jeu pour les fans, ses premières apparitions servaient à palier le manque de moyens pour payer des figurants. Dans Psychose, il porte un chapeau de cow boy, dans Fenêtre sur cour, il est un réparateur de pendules. Parfois on ne voit que sa silhouette (Complot de famille) ou l'on entend que sa voix (Le faux coupable). Ses apparitions sont parfois pleine d'humour, comme dans Lifeboat, où il figure sur une publicité pour un régime amaigrissant dans le journal.
http://hitchcock.alienor.fr/apparition.html


Des livres d'espionnage parrainés par Alfred Hitchcock, Les Trois Jeunes Détectives est une série américaine de quarante-trois romans policiers pour la jeunesse éditée aux États-Unis de 1964 à 1987 sous le titre Alfred Hitchcock and the Three Investigators puis The Three Investigators. Les trois jeunes détectives en français. En France, la série a paru pour la première fois en 1966 dans la collection Bibliothèque verte des éditions Hachette. Trente-sept titres ont été traduits à ce jour. La série est toujours éditée de nos jours dans cette même collection et toujours sous le nom d'auteur Alfred Hitchcock.

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 L'humour d'Alfred Hitchcock, indissociable de son sens du suspense
  • 2 L'intrigue alambiquée et prenante

Pour quel public ?

Un bijou du cinéma anglais à voir en famille, sans modération. Pour les plus jeunes à partir de 10 ans, c'est une très belle manière de faire découvrir le cinéma d'Alfred Hitchcock, où l'intrigue est une véritable invitation au jeu, afin de démasquer les rouages du scénario. L'imaginaire et aussi l'intelligence du regard sont convoqués, deux moteurs captivants pour tout enfant qui aime jouer.

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