Alice
Voir la bande annonce 
Alice s'ennuie toute seule dans sa chambre. Elle s'ennuie tellement que lorsque son lapin empaillé prend vie sous ses yeux et disparaît dans le tiroir d'un bureau, elle décide de s'y engouffrer à son tour et de se lancer à sa poursuite ! Commence alors pour elle un bien étrange périple dans un univers inconnu, où son seul point de repère sera ce lapin blanc en costume rouge traînant une montre à gousset. Durant son voyage, elle va rencontrer des créatures plus curieuses les unes que les autres : un ver à soie à l'allure totalement improbable, un poisson-grenouille portant une perruque, un cochon pleurnichard, un lièvre de mars sur roulettes, un chapelier fou obnubilé par les tasses à thé propres, ou encore une reine de cœur obsédée par les têtes coupées !
« Je vais vous montrer un film. Un film pour les enfants. Peut-être. Peut-être, si on se fie au titre. Pour cela, il faut fermer les yeux. Sinon vous ne verrez rien du tout... ». Les premières paroles du film nous avertissent que ce qui va suivre relève du domaine du rêve, et qu'il va falloir s'abandonner à l'imaginaire de Švankmajer pour vivre pleinement l'expérience d'Alice.
Son voyage nous est conté par une bouche apparaissant en gros plan à de nombreuses reprises, pour nous livrer principalement les pensées intimes de la petite fille, ce qu'elle se dit « en elle-même ». Perdue dans un monde inconnu, Alice fait preuve de beaucoup de courage. Telle une aventurière, elle devra résoudre des énigmes pour s'adapter à son nouvel environnement. Curieuse - un peu trop ? - et téméraire, elle va vivre des expériences sensitives en tous genres, touchant à tout ce qu'elle voit et goûtant tout ce qu'elle trouve ! Au cours du film, Alice va changer plusieurs fois d'apparence physique, mais son plus grand changement sera psychologique. Tout comme le livre dont il est tiré, le film de Jan Švankmajer traite de l'apprentissage et du passage de l'enfance à l'âge adulte. Le caractère universel du personnage d'Alice permet à chacun de s'identifier à différents niveaux, et à tout âge.
La force du film réside aussi dans sa forme et dans ses qualités techniques. Les différents objets se trouvant dans ce monde étrange aux allures de labyrinthe prennent vie, et participent au récit au même titre qu'Alice. Le réalisateur utilise alors plusieurs techniques : l'animation de marionnettes, le papier découpé, ou encore l'animation en prises de vues réelles aussi appelée pixillation. Le réalisateur parvient à nous plonger dans son univers surréaliste également au travers de l'ambiance sonore très singulière - absence totale de musique, bruitages métalliques, grincements... - qui déstabilise parfois le spectateur.
Alice est un film sur la fragilité de l'enfance face à un monde parfois cruel et agressif. Avec pourtant près de trente adaptations cinématographiques, le conte de Lewis Carroll nous est proposé ici de façon indéniablement inédite !
Né à Prague en 1934, Jan Švankmajer est un artiste complet, à la fois poète, dessinateur, peintre, céramiste et cinéaste. Il a étudié à l'Ecole Supérieure des Arts Décoratifs, puis à la Faculté de Théâtre des Beaux-Arts de Prague. Il y découvre le théâtre de marionnettes qui influencera tout le reste de sa carrière. En 1964, il réalise son premier film d'animation au sein du studio national tchèque Kratky Film Praha. Suivront alors dans sa longue - mais pas encore achevée ! - carrière près de trente courts métrages et six longs métrages.
Alice a remporté le très convoité Grand Prix du long métrage au Festival international du film d'animation d'Annecy en 1989.
Le titre original du film se traduit par « Quelque chose d'Alice », ce qui laissait davantage présager d'une très libre adaptation du roman de Lewis Carroll.
A aucun moment du film nous n'entendons la voix de la fillette qui tient le rôle d'Alice. La bouche que l'on voit à l'écran est celle d'une autre petite fille !
Dossiers proposant des pistes pédagogiques :
http://www.ac-versailles.fr/public/upload/docs/application/pdf/2012-01/alice.pdf
http://www.ac-versailles.fr/public/upload/docs/application/pdf/2014-10/alice_dossier_pedagogique.pdf
Jodoin-Keaton Charles, Le Cinéma de Jan Švankmajer - Un surréalisme animé, Ed. Rouge profond, Collection Raccords, 2011.
Vimenet Pascal, Alice, Cahier de notes sur..., 2011 : Cahier de note sur le film édité par l'association Les Enfants de Cinéma dans le cadre du dispositif Ecole et Cinéma, téléchargeable gratuitement sur le site du CNC :
http://www.cnc.fr/web/fr/ecole-et-cinema1/-/ressources/3997351
Alice est inscrit au catalogue du dispositif national Ecole & Cinéma. Retrouvez la fiche "en famille" sur la plateforme Nanouk
Lire la suite Masquer
Nous conseillons cette version du conte de Lewis Carroll à partir de 6/7 ans. Son caractère onirique captivera et ouvrira l'esprit des plus jeunes, cependant elle demande une préparation de par sa nature surréaliste. L'univers étrange pourrait paraître inquiétant pour certains enfants (huis-clos, espaces étroits, univers sonore très particulier), aussi nous vous conseillons éventuellement de revenir en amont de la projection sur l'histoire originale d'Alice au pays des merveilles, ainsi que sur certaines notions telles que le réalisme et le fantastique.
En tant qu'adultes, et a fortiori en tant que parents, nous pouvons avoir la tentation d'essayer de tenir les enfants à l'écart de tout sentiment de peur, si infime soit-il. Mais il ne faut pas y céder ! Alice est un savant mélange d'émotions que vous ne regretterez pas d'avoir découvert !
