Aniki Bóbó
Rédigée par Cyrielle Jacheet

Aniki Bóbó

De Manoel de Oliveira - 1h11 - 1942 (Portugal)
Aniki Bóbó
à partir de 8 Ans

Synopsis

A Porto, une bande d’enfants investit joyeusement les bords du fleuve et les ruelles de la ville pour s’adonner à leurs jeux favoris. C’est alors qu’une rivalité s’installe entre Carlitos, jeune garçon timide et rêveur, et Eduardinho, chef de bande gouailleur, pour conquérir le cœur de la belle Teresinha. Pour séduire la jeune demoiselle, Carlitos est prêt à tout, même à voler une poupée dans un magasin pour lui en faire cadeau. Bientôt la tension entre les deux rivaux s’intensifie…    

Rédigée par Cyrielle Jacheet
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Réalisateur à la longévité exceptionnelle et à la filmographie particulièrement riche, on peut dire que Manoel de Oliveira a marqué de son empreinte le cinéma portugais ! Aniki Bóbó, son premier long métrage, offre aux jeunes spectateurs une porte d’entrée idéale dans son oeuvre. Les cinéphiles en herbe pénètreront ainsi en douceur dans son univers, grâce à cette chronique sur l’enfance qui oscille savamment entre légèreté, innocence et gravité.

A travers le quotidien d’une bande de garçons des quartiers populaires de Porto, c’est finalement tout le microcosme de l’enfance que dessine Oliveira. Les spectateurs s’y plongeront pleinement, et partageront au côté de la bande les aventures qui ponctuent leurs journées, au rythme de la comptine éponyme « Aniki-bébé, Aniki-Bóbó». Ils découvriront alors, avec grand plaisir, les rêves, jeux et premières amourettes de ces aventuriers en culottes courtes. Loin de dresser un portrait rose et sucré de l’enfance, le cinéaste dépeint également la jalousie et la rivalité qui animent Carlitos et Eduardinho, ainsi que la dureté qui se dessine parfois derrière l’apparente innocence de leurs jeux…

Mais Aniki Bóbó n’est pourtant pas exempt d’humour. On rit des pitreries des enfants, on s’amuse des chutes à répétition du jeune Petiot, des grimaces faites au gendarme et des claques que le boutiquier administre à son assistant. L’héritage du cinéma burlesque n’est pas très loin. A cette tonalité comique, Oliveira mêle habilement une tension dramatique qui traverse le film de part en part. C’est aussi à sa ville natale qu'il rend hommage. Véritable théâtre des aventures de la bande, la ville devient un espace de liberté, parfois inquiétant et dangereux…

C’est toute cette complexité et ce mélange des sentiments qui rendent ce portrait de l’enfance aussi touchant. Un film sensible et intelligent qui réunira toute la famille autour d’un beau moment de cinéma. 

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Manoel de Oliveira est né le 11 décembre 1908 à Porto. Il développe très tôt une passion pour le septième art et découvre au cinéma les films de Chaplin et de Max Linder. Il se fait tout d’abord connaître pour ses prouesses sportives, en devenant champion du Portugal de saut à la perche. Il se lance ensuite comme acteur, en jouant notamment dans le premier film parlant portugais : La chanson de Lisbonne. Ce n’est qu’ensuite qu’il débute sa carrière de réalisateur avec un court métrage documentaire muet intitulé Douro Faina Fluvial. Onze ans plus tard, il réalise son premier long métrage de fiction : Aniki Bóbó. Pour échapper ensuite au régime dictatorial de Salazar, Oliveira quitte le Portugal pour s’installer en Allemagne. Il reprend la caméra en 1963 et signe son deuxième long métrage : Actes de printemps. Ce n’est qu’à la chute de Salazar qu’Oliveira peut s’adonner librement à sa passion. Il réalisera trente-deux longs métrages durant toute sa carrière. Le festival de Cannes lui remet en 2008 une Palme d’Or pour l’ensemble de son œuvre. Il a alors cent ans et est le réalisateur le plus âgé toujours en activité. Manoel de Oliveira décède à l’âge de cent-six ans en avril 2015.

Le réalisateur portugais a expliqué que sa filmographie avait l’Histoire pour fil rouge. « Aniki Bóbó mon premier long métrage en 1942 sur le quotidien d’enfants des quartiers populaires de Porto représente en partie mon enfance, et les films qui ont suivi ont acquis un caractère toujours plus historique ».

Avec Aniki Bóbó, Oliveira esquisse les prémisses du néo-réalisme italien, mouvement cinématographique qui fait son apparition pendant la seconde guerre mondiale, en Italie. Il se caractérise par un retour au réel et aux réalités sociales, des tournages en extérieurs, des acteurs « non-professionnels » et une attention portée tout particulièrement aux milieux populaires.

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DE OLIVEIRA Manoel, Aniki-Bóbó, enfants dans la ville, Ed. Chandeigne, 2013

Vous découvrirez dans ce livre le scénario, des photographies du tournage, des souvenirs du réalisateur, le DVD du film ainsi que le conte qui l’a inspiré : Les enfants millionnaires de Rodrigues de Freitas. Un coffret complet et merveilleusement réalisé à l’intention des petits et des grands cinéphiles.

Vous retrouverez sur la plate-forme pédagogique "Transmettre le cinéma" un article de Guillaume Bourgeois proposant des pistes d’analyses : http://www.transmettrelecinema.com/film/aniki-bobo/

Aniki-Bóbó est inscrit au catalogue du dispositif national Ecole & Cinéma. Retrouvez la fiche "en famille" sur la plate-forme Nanouk

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour découvrir le premier long métrage de Manoel de Oliveira
  • 2 Pour déambuler avec plaisir dans les ruelles de Porto
  • 3 Pour la gouaille du chef de bande et la bouille d'ange du jeune héros
  • 4 Pour s’émerveiller tout simplement devant cette chronique de l’enfance

Pour quel public ?

Nous conseillons ce film à partir de 8 ans. Les jeunes spectateurs prendront plaisir à suivre cette bande d’enfants dans les rues de la ville, et rêveront peut être secrètement de traverser l’écran pour partager leurs jeux et déambuler à leurs côtés. A cet âge les enfants pourront également appréhender sans difficulté la dimension plus dramatique de certaines scènes. Pour s’immerger pleinement dans le film et dans la culture portugaise, il est essentiel de le regarder en langue originale. Le plaisir de la découverte n’en sera que plus grand !

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