Anina
Rédigée par Alice Rabourdin

Anina

De Alfredo Soderguit - 1h19 - 2013 (Uruguay)
Anina
à partir de 7 Ans

Synopsis

Anina Yatay Salas, 10 ans, n’aime ni son prénom, ni son nom de famille, car ce sont des palindromes - ils peuvent se lire dans les deux sens - et les enfants à l’école se moquent d’elle. Un jour, suite à une bagarre dans la cour de l’école, Anina et son ennemie Ysel sont convoquées par la directrice qui leur remet comme étrange punition une enveloppe noire scellée à la cire, qu’elles ne devront pas ouvrir avant sept jours...
Anina avec son imagination débordante, fera tout pour deviner le contenu de la mystérieuse enveloppe... Mais saura-t-elle résister à sa curiosité ?

Rédigée par Alice Rabourdin
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Alors que pour la plupart des enfants de dix ans le mot « palindrome » est tout à fait inconnu, pour Anina c’est un mot qui règne sur sa vie. Notre jeune héroïne se confie dès l’ouverture du film sur le mal-être qu’engendre son nom en palindrome. C’est donc du point de vue d’Anina que toute l’histoire va se dérouler : elle est au coeur du scénario et seule sa subjectivité mène le récit. Ce sont ses pensées, son imaginaire et ses souvenirs qui rythment l’histoire, en offrant des passages oniriques très beaux, et cela dans un décor dont l’esthétique est très réaliste. L’action se déroule à Montevideo, la capitale de l’Uruguay, et l’univers urbain, ainsi que certains aspects culturels, sont très proches de la réalité sociale et quotidienne du pays : les rues étroites, l’architecture des maisons, la nourriture typique (comme les escalopes milanaises), les tickets de bus numérotés, ou encore l’immigration économique. Dans ce décor qui semble réel, s’animent des personnages qui ne sont pas sans rappeler la technique du papier découpé. Le premier point fort de ce film réside donc dans cette parfaite dualité entre réalisme culturel et imaginaire enfantin (scènes oniriques et de cauchemar, univers mental d’Anina, qui pourraient faire penser à Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll). L’action du film ne dure qu’une semaine. Les saisons changent tandis que le calendrier de l’école ne bouge pas, et les flash-backs nous emmènent dans un autre temps imaginaire.


Le deuxième élément qui donne sa force au film est le message qu’il transmet aux spectateurs. Comme Anina a dix ans et que son quotidien se situe entre l’école et la maison, il est assez facile pour les enfants de s’identifier à elle. Après s’être ouvert aux autres, Anina apprend à les accepter, et c’est parce qu’elle réussi à accepter les autres tels qu’ils sont, qu’elle finit par s’accepter elle-même. Pour un enfant de dix ans, cette problématique est au coeur de son développement personnel : il entre dans un âge où il commence à se forger sa propre identité dans un milieu scolaire (le collège), où, à l’inverse, l'appartenance à un groupe et le regard des autres sont inévitables. L’ouverture d’esprit favorise donc le passage de l’enfance à l’adolescence. Les jeunes spectateurs seront sans doute sensibles à cette thématique énoncée à hauteur d’enfant, et se laisseront facilement emportés dans ce voyage aux différentes temporalités, guidé par l’intériorité d’une jeune fille.

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Ce film est l’adaptation du roman Anina Yatay Salas de Lopez Suarez, sorti en 2003. C’est l’illustrateur du roman, Alfredo Soderguit, qui décide de porter l’histoire au cinéma. Le film a été réalisé avec une équipe de 35 artistes et ce, durant huit années de dur labeur, pour rester le plus fidèle possible à l’histoire d’origine.

Si l’animation est intégralement numérique, les personnages rappellent cependant le design du papier découpé, dessinés à la main, puis numérisés et coloriés numériquement. La profondeur du décor donne une impression de 3D aux personnages en deux dimensions.

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Tout d’abord, avec vos enfants, vous pourrez situer l’Uruguay et l'Amérique du sud sur une carte du Monde.

Dans ce film, on peut sentir l’amour incontestable d’Alfredo Soderguit pour le cinéma. Tout d’abord, les parents d’Anina se rencontrent dans une salle de cinéma ! Ensuite, un des cauchemars d’Anina rappelle l’abstraction des décors sombres de l’Expressionnisme allemand et notamment Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene. Il y a de nombreuses références cinématographiques dans ce film, que vous retrouverez à la page 28 du très complet dossier pédagogique.

Le rapport à l’éducation est également très important : on y voit l’image de deux pédagogies très différentes à travers les deux maîtresses, et la directrice applique une méthode éducative basée sur la responsabilisation des enfants. « L’éducation est un sujet très sensible en Uruguay où les vieilles institutions ont des problèmes aujourd’hui. Les enseignants et leurs méthodes sont au cœur d’une grande réflexion. Le film propose un point de vue très simple qui s’oppose à l’autoritarisme. », explique le réalisateur.

Ainsi ce film propose de nombreuses pistes pédagogiques à étudier avec les enfants, dont ces deux suivantes :
> Pour une introduction à l’analyse d’image nous pouvons attirer le regard des jeunes sur la symétrie de certaines images, qui rappellent le thème même du film : le palindrome, qui devient ici visuel (cf. dossier pédagogique p.43).
> Le lien entre imagination et réel, et la question du point de vue ; pour les plus grands, les questions de temporalité que pose ce film.

Pour se rapprocher un peu plus de la culture uruguayenne :
Vous trouverez ici un article très intéressant sur le rapport presque carnivore des uruguayens à la viande : végétariens, passez votre chemin !
Et ici une recette italienne d’escalopes milanaises (miam !), car la cuisine italienne est très présente en Uruguay.

Vous trouverez pour finir, sur le site du distributeur, Septième Factory, le dossier de presse avec des informations supplémentaires sur le film, ainsi que de nombreuses activités à réaliser avec les enfants : un coloriage, un quizz et le bus scolaire d’Anina à découper et à construire !

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour l’esthétique qui oscille entre personnages en papier découpé et décors réalistes
  • 2 Pour la portée pédagogique de ce film et son rapport à l’altérité
  • 3 Pour découvrir la culture uruguayenne et se laisser surprendre à rêver de voyages

Pour quel public ?

A voir dès 7 ans sans problème, mais c’est à partir de 9-10 ans que les enjeux de ce film seront les plus appréciés.

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