Banana
Rédigée par Mathilde Boissel

Banana

De Andrea Jublin - 1h25 - 2015 (Italie)
Banana
à partir de 10 Ans

Synopsis

Giovanni, surnommé Banana, est un jeune adolescent passionné de football, mais terriblement maladroit ! Il est surtout très philosophe. Il réfléchit profondément au bonheur, et aux moyens qui lui permettraient de l’atteindre. Il veut se persuader que la vie n’est pas « complètement nulle » comme son entourage, empêtré dans un quotidien semé d’embûches, semble le penser. Selon lui, c’est l’amour qui le sauvera de la grisaille. Et son amour à lui, c’est Jessica. Pour conquérir son cœur, Giovanni a un plan : la sauver du redoublement. Au quotidien comme sur le terrain, Giovanni ne souhaite plus rester en défense, il veut attaquer avec détermination !

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Banana commence fort, avec une scène d’ouverture hilarante. Sur un terrain de foot, le jeune Giovanni est au goal. Il sort des cages pour tenter de marquer, en vain. C’est un footballeur médiocre, il a « le pied tordu en banane », comme disent les italiens. D’où le titre du film ! Ce personnage un peu différent, un peu pataud, nous apparaît sympathique d’emblée. Ce film sera donc comique, mais pas seulement. Banana s’inscrit bel et bien dans l’héritage de la comédie à l’italienne. Ce genre cinématographique, né à la fin des années 50, porte un regard sombre et très critique sur l’évolution de l’Italie, tant sur le plan social, culturel, économique que politique. Les mêmes thèmes qui étaient abordés dans le cinéma néoréaliste quelques années plus tôt. Mais la particularité de la comédie à l’italienne, c’est ce mélange de lucidité amère et de génie du comique. C’est l’emploi d’un humour cynique, c’est un juste équilibre entre folle drôlerie et noir désespoir. 

Sur fond de musique traditionnelle italienne, on rira à une réplique, une situation, ou au comportement clownesque d’un personnage. Mais on s’interrogera beaucoup, aussi. Le réalisateur dépeint un monde très noir, terne, et vulgaire. Il critique les apparences et la place laissée à la différence, la défaillance du système éducatif, la grande complexité de l’amour… Mais surtout la difficulté extrême - ou le manque de volonté - d’atteindre un jour le bonheur. Tous les personnages de ce film sont extrêmement profonds et compliqués. Pris dans le quotidien, ses difficultés et ses joies, ils cherchent un sens à leur vie, et s’interrogent. Parmi tous ces êtres cyniques, dépourvus d’envie dès l’adolescence, Giovanni se distingue de son entourage. C’est un romantique qui croit en la vie, et qui a du mal à s’adapter à la triste réalité. Un peu comme le personnage du Petit Prince, auquel Andrea Jublin fait référence dans le film.

Avant son premier long métrage, Andrea Jublin a réalisé plusieurs courts métrages. Il Supplente a notamment été nominé aux Oscars en 2006. La confrontation entre l’univers des adultes et celui des enfants était déjà au cœur du scénario. Son prochain film, en cours d’écriture, abordera également ce thème. Ainsi, ce n’est pas une coïncidence si le réalisateur a choisi d’interpréter le rôle de Gianni, intermédiaire entre ces deux univers, dans Banana. Selon lui, il y a quelque chose de « sinistre » dans le fait de devenir adulte. « Plus tu grandis, plus tu approches de la mort. La chose la plus difficile est de rester vivant jusqu’à la fin. » Mais les enfants sont animés par l’espoir, la vitalité, et cela le fascine. « Quand tu es adulte, tu sais que cet espoir sera trahi, personne ne fait ce qu’il voulait faire lorsqu’il était enfant. […] L’adolescence est l’âge des rêves, mais de rêves qui ne seront probablement pas réalisables dans le futur ». Il conclut par une réflexion très intéressante : « Je pense que les enfants n’existent pas, ce n’est pas vrai que nous sommes d’abord des enfants puis des adultes. Ils sont juste comme des adultes mais en plus romantiques. Pour eux, il y a le vrai désespoir, le véritable amour […]. En quelque sorte, parler des enfants, c’est aussi parler d’adultes qui croient encore. ».

Banana est un beau film qui touche simplement. On rit, on pleure, comme on pense. Une belle réalisation, un scénario intéressant, des personnages riches, le tout accompagné par une musique de qualité qui nous transporte en Italie. Une œuvre marquante à voir absolument. Andiamo !

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Le réalisateur Andrea Jublin est né en 1970 à Turin. Il commence par étudier les sciences politiques et le théâtre à Gênes. Puis, il suit un cursus de réalisation cinématographique à l’UCLA de Los Angeles et d’écriture de scénarii à Rome. 

Aujourd’hui réalisateur, il enseigne également la mise en scène et le scénario à la Holden School de Turin. A ce jour, il a réalisé plusieurs courts métrages, dont Il supplente en 2007, qui fut nommé pour l’Oscar du meilleur court métrage. Banana est son premier long métrage. Le film, dans lequel il interprète également le rôle de Gianni, a déjà remporté de nombreux prix en France et à l’étranger. On retient notamment le Prix « Cicae art cinema award » à Annecy en 2015 et le Grand Prix Ciné Junior en 2016. Un deuxième long métrage sur le thème de l’adolescence est actuellement en cours d'écriture.

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Interview d’Andrea Jublin par Univerciné : http://italien.univercine-nantes.org/interview-dandrea-jublin-realisateur-de-banana/

La fiche pédagogique du film par le festival Ciné Junior 2016 : http://www.cinemapublic.org/IMG/pdf/banana.pdf

Plongez dans l’univers du Petit Prince, œuvre citée dans le film, et très appréciée du réalisateur : http://www.lepetitprince.com/

Brève histoire de la comédie à l’italienne : http://www.cineclubdecaen.com/analyse/comedieitalienne.htm

 

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour voir une comédie à l’italienne moderne, résultat d’un équilibre parfait entre humour fin et critique cynique de la société italienne
  • 2 Pour ressentir de belles émotions et réfléchir
  • 3 Pour la richesse du scénario et de ses personnages

Pour quel public ?

Nous conseillons Banana à partir de 9-10 ans. Il aborde des thématiques relativement graves qui sauront toucher les (pré)adolescents, et le ton ironique parfois employé ne serait peut-être pas compris par les plus jeunes. Les plus âgés sauront apprécier sa qualité ! Encouragez-les à discuter après le film, il y a matière à échanger.

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