Cadet d'eau douce

Cadet d'eau douce

De Buster Keaton, Charles Reisner - 1h12 - 1928 (États-Unis)
Cadet d'eau douce
à partir de 6 Ans

Synopsis

Jour de fête à River Junction, petite ville au bord du Mississippi. William Canfield, Sr. se réjouit de retrouver son fils, William Canfield, Jr., qu’il n’a pas revu depuis que celui-ci était bébé. Il se prépare à accueillir un grand gaillard, bien charpenté comme lui-même et espère lui céder le commandement de son vieux steamer, le Stonewall Jackson.

Mais quelle déconvenue, lorsqu’il découvre que son fils est un gringalet, chétif et mal accoutré ! Qui plus est amoureux de la jolie Marion Kitty King, la fille de son pire ennemi J.J. King, commandant du luxueux King. Ces deux rivaux se haïssent… autant que les deux jeunes gens s’aiment !

Mais un cyclone s’abat sur la ville. Canfield, Jr. révèlera alors son ingéniosité et son imagination pour se racheter aux yeux de son père et faire face au cataclysme !

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Steamboat Bill, Jr. est un chef d’œuvre à bien des égards !

 

Nous l’aurons deviné, Canfield/Steamboat Bill, Jr. est interprété par Buster Keaton. Un Buster Keaton au sommet de son art et qui se dévoile peut-être un peu plus que d’habitude… Sans doute cela est-il dû au fait que, dans cette histoire, il a un père. Même si leurs rapports psychologiques sont traités de façon visuelle et comique, ce lien filial crée une sorte de rapprochement avec le spectateur : Keaton nous offre - chose rare - son visage en gros plan. Ce visage, sur lequel on a tant écrit, « l’homme au visage de pierre », « celui qui ne sourit jamais », impénétrable. En nous laissant entrevoir un peu de sa propre histoire, Keaton nous livre, avec Cadet d'eau douce (Steamboat Bill, Jr.) un film intensément personnel.

 

Le comique de la première partie du film est du pur Keaton, il tient à son savoir-faire : l’exploitation du matériau minimal et sa science du détail. Ainsi tout relève d’une subtilité qui défie la description. Depuis ses premiers courts métrages, Keaton a appris à exploiter toutes les ressources d’un décor ou d’un accessoire (il adore tout particulièrement les trains et les bateaux). Ici, il joue avec tout à Junction River, cette petite ville si bien dépeinte, avec le Mississippi et les deux steamers : Keaton épuise tous les ressorts comiques de toutes les situations.

 

Steamboat Bill, Jr. reflète sa maîtrise sans équivalent en matière de mise en scène de séquences spectaculaires. Celles du cyclone nous laissent le souffle coupé. Ce sont sans doute les plus belles de sa filmographie. Keaton y déploie une variété inédite de plans défiants la pesanteur : des façades éventrées s’écroulent, d’autres se plantent intactes, des arbres déracinés et de lourdes caisses s’envolent, pareils à des feuilles mortes. Des objets s’animent et se dotent d’une vie propre, tel ce lit en fer blanc et à roulettes, qui promène le héros où bon lui semble. Au réalisme fascinant des images du cyclone se mêle un univers onirique, que Keaton démultiplie encore en amenant son héros dans un théâtre. Il joue alors avec les trucages de la scène et du cinéma : les décors, les trucs des prestidigitateurs sont autant de trompe-l’œil et de faux-semblants sans cesse étonnants. L’art de Keaton atteint des dimensions surréalistes. S’il existe peu de probabilités qu’une machine à coudre rencontre un parapluie, combien y en a-t-il pour qu’un homme alité se retrouve dans une étable entouré de chevaux ? Telles sont les merveilleuses trouvailles de Buster Keaton !

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Comme Charlot, les personnages interprétés par Buster Keaton sont généralement des solitaires. Leur façon de s’arranger avec le monde les contraint à la solitude. Même leurs âmes-sœurs, rencontrées en chemin, ne parviennent pas forcément à les en arracher.

Il est encore plus rare de les voir en famille ! La plupart du temps, le vagabond Charlot et les héros keatonniens, venus de nulle part, sont orphelins. Aucune généalogie ne les relie à leurs semblables, qui leur sont le plus souvent hostiles et qu’ils doivent affronter. Il y a bien deux films dans lesquels Buster a des parents (Battling Butler et College), mais ceux-ci n’apparaissent que dans les séquences d’introduction pour mieux disparaître par la suite. C’est ce qui fait de Steamboat Bill, Jr. une exception.

 

Ce film a longtemps été considéré comme mineur dans l’œuvre de Keaton, parce que les spectateurs n’en avaient retenu que les séquences du cyclone, or la première partie, traitée sur un mode plus minimaliste, tient tout autant de l’art absolument singulier de Keaton.

 

Il est vrai que pour ce neuvième long métrage, Keaton dispose de moyens exceptionnels. Il est au sommet de sa gloire et peut tout se permettre. Mais le plus étonnant est cette soif d’inventer des gags, intacte, comme à son premier jour de tournage, cette imagination si féconde et surtout ce caractère risque-tout. Keaton prenait des risques insensés sur les tournages. Ici, pour le plan de la façade qui s’abat sur lui mais l’épargne au centimètre près grâce à l’ouverture d’une fenêtre providentielle, Keaton a risqué sa vie. La façade pesait deux tonnes, le moindre écart aurait été fatal !

 

Les personnages de Keaton aiment se confronter aux éléments naturels, plus exactement à leurs dérèglements. C’est lorsque la tempête fait rage qu’ils se révèlent. Cascades tumultueuses, tornades, pluies diluviennes… le petit homme résiste à tous les cataclysmes ! Et lorsqu’il n’y a pas de tempête naturelle, Keaton s’arrange pour en inventer : tsunami de fiancées dans Fiancées en folie, vagues de flics dans Cops, déferlement de bétail dans Go west/Ma Vache et moi.

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Aller plus loin

A l’heure d’été, propice aux lectures, nous vous proposons d’aller plus loin en compagnie de quelques livres :

 

En 1960, Buster Keaton a publié ses mémoires, sous le titre La mécanique du rire, Autobiographie d’un génie comique. Traduites en 1984 en français, elles ont été rééditées en 2014, grâce à l’indispensable maison d’édition Capricci. C’est un absolu bonheur de se plonger dans la lecture de ces mémoires, écrites avec une limpidité et une simplicité émouvantes. On y retrouve un Buster Keaton, qui ressemble aux personnages qu’il interpréta dans ses films. Un génie habité par la foi dans son art, un inlassable inventeur, à la vie tumultueuse, qui jamais ne renonça au plaisir du jeu et du don de lui-même.

 

La romancière Florence Seyvos a consacré à Buster Keaton une large part de son roman Le Garçon incassable. Cet ouvrage est une très belle évocation de cet athlète hors du commun, effectivement incassable et peut-être pourtant, comme tous les grands artistes, un peu cassé à l’intérieur.

 

Dans la petite collection de poche pour enfants curieux de 8 à 12 ans et plus, Des Graines et des guides, chez A Dos d’âne, Hélène Deschamps a consacré un ouvrage à Buster Keaton, Buster Keaton : Le mécano du cinéma. Selon son éditrice, Hélène Deschamps est tombée amoureuse de Buster Keaton ! Ce petit ouvrage est donc une déclaration d’amour !

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour la grâce et la beauté de Buster Keaton
  • 2 Pour l'émerveillement que suscite ses trouvailles
  • 3 Pour les éclats de rire irrésistibles que provoquent les gags orchestrés par ce prince comique
  • 4 Pour l'évocation admirable du mythique Mississippi
  • 5 Pour la puissance de la liberté du cinéma

Pour quel public ?

Dès 6 ans, sans restriction !

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