Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Rédigée par Manon Koken

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary

De Rémi Chayé - 1h22 - 2020 (France)
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
à partir de 7 Ans

Synopsis

1863. Sur les routes de l’Oregon, un convoi progresse vers l’Ouest. Dans l’une des caravanes, la jeune Martha Jane découvre que le quotidien des garçons est bien plus attrayant que le sien. Alors que son père est alité pour plusieurs semaines, elle devient responsable de la caravane familiale. Elle embrasse alors une vie nouvelle où, petit à petit, la liberté semble à portée de main !

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« Mais quelle calamité ! » Quel bonheur, oui ! Quelle joie de découvrir une jeune fille de 11 ans aussi brave et courageuse. Suite au décès de sa mère, Martha Jane passe ses journées à s’occuper de ses benjamins, à étendre le linge et à ramasser des bouses séchées avec ses camarades. Mais alors que les autres jeunes filles s’y attellent sans rechigner, elle réalise que cette vie n’est pas une fatalité. Les garçons, quant à eux, sont des cow-boys : ils surveillent les troupeaux, galopent sur de rapides étalons et mènent les convois. Alors Martha Jane s’interroge : « pourquoi les hommes ont plus de chance en tout ? » Pourquoi ne pourrait-elle pas faire de même ? Pourquoi sa vie ne pourrait-elle pas être différente ? Martha jure, raconte des histoires, porte des pantalons, et tient tête aux adultes — et aux hommes ! — et surtout, elle prend les devants ! La nuit, elle s’entraîne au lasso et à monter à cheval. Alors pourquoi devrait-elle rendre cette liberté, sous prétexte qu’elle est une fille ? Ce n’est pas parce qu’on ne rentre pas dans le moule qu’il faut se laisser marcher sur les pieds ! 

En route ! Le temps du périple est celui de l’apprentissage. Bye bye Martha Jane ! Plongés au cœur du Far West, nous assistons à la naissance de Calamity. En brisant les codes, elle s’oppose à la société bien-pensante. C’est un esprit libre (et on la comprend tellement !). Rythmée par la musique bluegrass, l’intensité du quotidien de l’héroïne nous gagne et, avec elle, on est prêts à affronter tous les dangers et à réparer les injustices. Plaines infinies et mers de nuages s’étendent sous nos yeux. A croire que l’écran s’élargit... 

En filigrane des aventures de Calamity, autant de sujets importants sont abordés : le deuil, le harcèlement, la difficulté d’être une femme — et une enfant — et, bien sûr, l’Histoire. Cavaliers, Indiens, orpailleurs, dans les plaines du Grand Ouest, on en croise du monde ! Et notamment des personnages très intéressants comme Madame Moustache (jouée par Alexandra Lamy) qui dirige sa propre mine. En plus, l’humour n’est jamais bien loin, à commencer par « Jambon », le fidèle destrier de l’héroïne. Gags, blagues et jeux de mots, Calamity nous offre d’ailleurs une scène de travestissement hilarante digne de Certains l’aiment chaud (Billy Wilder, 1959). 

Comme le dit son réalisateur, Rémi Chayé : « Calamity est un personnage génial, elle représente ce que beaucoup appellent des garçons manqués mais que je préfère baptiser des filles réussies ! » (Le Dauphiné Libéré, 19/06/2020). En voilà une bonne idée ! Indépendante et libre, Calamity est une figure féminine et féministe à découvrir absolument dans ce western animé. Grandeur nature !

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Venu à l’animation par le dessin, Rémi Chayé a travaillé avec Tomm Moore et Nora Twomey sur Brendan et le secret de Kells (2009) et a été l’assistant-réalisateur de Jean-François Laguionie sur Le Tableau (2011). Il a aussi été storyboarder (celui qui dessine la grande bande dessinée du film) de Kérity, la maison des contes (2009) et Pourquoi j’ai pas mangé mon père (2015). En 2015, il réalise son premier magnifique long métrage, l’histoire d’une jeune femme qui n’hésite pas à prendre le large vers le Grand Nord à la recherche de son grand-père : Tout en haut du monde. Chouette parcours, n’est-ce pas ? Vous pouvez en apprendre un peu plus sur son blog par ici (il n’est plus alimenté depuis 2017 mais il y a peut-être des découvertes à y faire…), et voir son court métrage, Eaux fortes (2005), l’un des trois réalisés pendant ses études à l’Ecole de la Poudrière à Valence, par

Qui était Martha Jane Cannary ? Plus connue sous le nom de Calamity Jane, elle est la fille aînée d’une famille pauvre immigrant vers l’Ouest. Rapidement orpheline, elle apprend à se débrouiller seule. Son enfance est presque complètement méconnue. Figure importante de la Conquête de l’Ouest ? Star d’un spectacle sur sa vie ? Mère de plusieurs enfants ? Mais qui est-elle vraiment ? Une légende, ça c’est sûr ! Et c’est d’ailleurs parce qu’elle adorait raconter des histoires que beaucoup de ses récits sont faux. Même les Lettres à sa fille, son texte le plus connu, est un joli mensonge.

La fabrication de Calamity a duré 5 ans. Et tout le tournage — à l’exception du traitement de l’image (compositing) qui a été fait au Danemark — a eu lieu en France : Paris, Strasbourg, Angoulême… C’est environ 170 personnes qui ont travaillé sur 57 600 dessins. Le studio principal — celui de 2 Minutes — se trouve à Paris, rue du Fer-à-Moulin, au pied de la montagne Sainte-Geneviève, dans le 5ᶱ arrondissement. 

Calamity a reçu le Cristal du long métrage au Festival du film d’animation d’Annecy 2020. Malgré une édition un peu particulière car intégralement en ligne à cause de la crise sanitaire, le festival a encore déniché de très beaux films cette année. 

Et d’ailleurs, jeunes spectateurs, n’avez-vous pas reconnu un visage dans les personnages du convoi ? La jeune Eve ressemble drôlement à Sacha, l’aventurière intrépide du précédent film de Rémi Chayé, Tout en haut du monde. Coïncidence ? Je ne pense pas… Une autre figure qui semble être un clin d’œil à un personnage historique : Abraham le chef du convoi qui a le même patronyme et la même barbe qu’un certain Abraham Lincoln, justement président des Etats-Unis à cette époque.

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Sur le site du distributeur Gebeka Films, vous pouvez retrouver des éléments très intéressants pour approfondir la séance : un dossier de presse, un dossier pédagogique et... un carnet spectateur !

Rémi Chayé était l’invité de l’émission Popopop ! d’Antoine de Caunes sur France Inter. Il y parle de son héroïne, du festival d’Annecy et de son nouveau projet (à partir de 29 minutes). Pour entendre sa voix, c’est par ici.

Un très beau livre sur la création du film a été édité à l’occasion de sa sortie : The Art of Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary aux éditions Granovsky. Vous pouvez le feuilleter par ici.

Par ailleurs, l’histoire du film sort aussi en livre (Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, Christophe Lambert, Bayard Jeunesse).

Et pour découvrir un autoportait — lui aussi plus ou moins fictif — de Martha Jane, plongez-vous dans l’album Calamity Jane de François Roca (Albin Michel Jeunesse).

La chanson « On m’appelle Calamity Jane » a été réalisée avec les enfants qui ont prêté leurs voix aux personnages de Calamity et un quatuor de musiciens bluegrass. Véritable hymne au désir de liberté qui anime l’héroïne, il nous accompagne pendant le générique jusqu’à ce que les lumières se rallument. Voici un petit aperçu musical de la bande-son du film. Pour la chanson-titre, il faudra la découvrir en salle de cinéma.

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour son héroïne du Far West grandiose et courageuse
  • 2 Pour découvrir une enfance de Calamity Jane
  • 3 Pour le gigantisme des paysages infinis de l’Oregon 
  • 4 Pour se trémousser au son des accords du quatuor bluegrass
  • 5 Pour être contaminé par sa soif de liberté

Pour quel public ?

A partir de 7 ans. Le contexte historique, les quelques gros mots — le très appréciable « tête de bouse » si caractéristique de Calamity — et la vie remplie de dangers de Martha Jane, nous invitent à vous conseiller ce film à partir de 7 ans.

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