Cœurs perdus
Rédigée par Manon Koken

Cœurs perdus

De Collectif - 58 min - 2024 (International)
Cœurs perdus
à partir de 11 Ans

Synopsis

Trois films, trois récits intimes aussi poignants que lumineux sur la difficulté de quitter son pays et ses attaches. Trois cœurs perdus, qui retrouvent parfois quelques repères mais restent marqués à jamais.

Bach-Hông
Elsa Duhamel - France - 2019 - 18 min - animation 2D numérique, encre et aquarelle sur papier
Jeanne évolue dans un milieu particulièrement aisé à Saïgon, au Vietnam. Malgré la guerre qui divise le pays, son enfance est paisible et heureuse entre découvertes animalières et folles cavalcades avec sa jolie jument Bach-Hông. Le 30 avril 1975, les communistes envahissent la capitale et sa famille est contrainte de quitter le pays. 

Le Départ
Saïd Hamich Benlarbi - France, Maroc - 2020 - 25 min - prise de vues réelles
Maroc, 2004. Entre réunions de famille, jeux avec les copains et Jeux Olympiques, Adil, 9 ans, profite pleinement de son été. Le retour de son père et de son frère, qui reviennent de France pour les vacances, rompt brutalement l'insouciance qui berçait jusqu'alors ses journées. 

À cœur perdu
Sarah Saidan - France - 2022 - 14 min - animation 2D numérique
Immigré iranien, Omid habite désormais à Paris avec sa femme et ses enfants. Un soir, dans la rue, il se fait poignarder en plein cœur. A l'hôpital, face au miraculé, les médecins s'étonnent de voir l’organe manquer. Où a-t-il bien pu passer ?

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Rédigée par Manon Koken
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Coeurs perdus aborde, avec poésie et fantaisie, trois destins très différents qui entretiennent pourtant de nombreuses similitudes. Empreintes du parcours et des rencontres de leurs réalisateurs et réalisatrices, ces trois histoires personnelles témoignent de la migration et de l’exil. 

Même si certains protagonistes sont désormais bien grands, c’est avant tout l’enfance qui est leur point d’ancrage. De ce temps dans lequel devraient prévaloir l’innocence et la découverte, il reste surtout la marque d’une rupture, celle du déracinement et du départ. Ici, c’est tantôt la guerre, tantôt le fantasme d’une terre promise qui poussent à l’exil. Comment grandit-on dans ce contexte ? Que devient-on sans chez-soi ? Comment se recrée-t-on un monde quand on a 11 ans ? Dans À cœur perdu, la très belle métaphore du cœur absent pour celui qui n’a plus son pays montre que le fantasme de la terre rêvée redevient aussi parfois celui du pays quitté.

Les épreuves ne s'arrêtent pas au déracinement : s'intégrer à une nouvelle société, en apprendre les codes, jongler avec deux cultures. À cœur perdu dépeint habilement Paris, rêve pour les immigrés mais surtout réalité terne et violente, où le racisme est bel et bien présent. Mais par-delà ces difficultés, il y a heureusement les moments de vie et de joie, ceux qui nous rappellent que nous sommes tous semblables : Jeanne observant les petits animaux qui peuplent les abords de la maison, Adil tentant de dresser un chiot avec ses copains ou encore Omid regardant sa femme danser aux côtés de leur petite fille. 

Ces courts métrages nous partagent également des récits personnels de ce qu’ont été les grandes vagues migratoires des années 1970 au début du XXIᶱ siècle, une histoire essentielle et nécessaire qui se doit d'être partagée aujourd'hui. La puissance du souvenir s'illustre d’ailleurs parfaitement dans la rencontre entre l’animation des moments d’enfance et la voix off de Jeanne, 40 ans plus tard, dans Bâch-Hong. Il transparaît partout : dans un objet, dans un paysage, dans un regard. À travers cette mémoire, ce sont des cultures et des traditions qui nous sont partagées. 

Rejoignez Jeanne, Adil et Omid dans ce programme visuel, passionnant et optimiste, qui voyage du documentaire à la fiction pour nous partager trois destins riches et touchants.

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À l’origine des films

Chacun des réalisateurs et réalisatrices de ce programme entretient un lien particulier à son sujet. 

Elsa Duhamel, la réalisatrice de Bâch-Hong réfléchissait aux liens qu'entretient une personne passionnée d’animaux avec ceux-ci. Elle a ainsi fait la rencontre de Jeanne, l’héroïne du film, qui lui a ouvert ses portes pendant trois jours, à Grenoble. Grâce à ces quinze heures d'entretien, elle a commencé à réfléchir à la forme que prendrait son court métrage. 

Saïd Hamich Benlarbi est né à Fès au Maroc. Il a tout d’abord travaillé à la production de plusieurs films maghrébins avant de tourner son premier long métrage, Retour à Bollène (2018), dans lequel Nassim revient dans sa ville natale. Le Départ est sa seconde réalisation. Il y entame le mouvement inverse. Même si ce n'est pas un film autobiographique, il lui est très personnel. 

Sarah Saidan est née et a étudié en Iran puis en France à partir de 2009. La même année, elle réalise Beach Flags qui évoque le parcours de jeunes nageuses iraniennes s'entraînant pour une compétition de sauvetage en Australie. Dans À cœur perdu, elle s’inspire de ses souvenirs d’enfance pour poursuivre son travail sur les conséquences de la dictature iranienne et les difficultés de l'exil. Le film a d'ailleurs été en lice pour l’Oscar du meilleur court métrage d'animation 2024 !

Contextes historiques

Chacun de ces films aborde un contexte historique qui lui est propre. Chacun de ces personnages a dû quitter son pays du fait de situations politiques ou économiques difficiles : ce sont des émigrés. 

Pour Jeanne, c’est la guerre du Vietnam qui marque son enfance. En 1975, à la fin du conflit, lorsque Saïgon est envahie par les communistes du nord du pays, elle fuit le pays à bord d’un bateau avec sa famille. Les migrants vietnamiens ont ainsi été baptisés « boat people ».

Pour Adil, il s’agit de l'immigration marocaine. Depuis la première moitié du XXᶱ siècle, du fait de la colonisation, des hommes ont dû quitter le Maroc pour aller travailler dans des usines en France, dans l'espoir de meilleures conditions de vie. Après l'indépendance, en 1956, ce mouvement prend de l'ampleur jusqu'à 1974. Dans le film, Adil part rejoindre son père, déjà installé en France, dans le cadre du regroupement familial. 

Omid, lui, vient d’Iran. Dans les années 1970, le pays voit surtout le départ de ses classes aisées intellectuelles et culturelles. Cela s'accentue suite à la Révolution de 1979 : un régime islamique très strict est mis en place et les familles laïques et libérales fuient également le pays. À partir des années 1980, la crise économique frappe de plein fouet le pays, poussant d'autres citoyens à quitter l’Iran. 

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Tu peux poursuivre cette réflexion grâce au dossier pédagogique du distributeur du film, Le Studio des Ursulines, qui est également l'unique salle spécialisée en cinéma jeune public de Paris. Tu y trouveras des informations sur les réalisatrices et réalisateurs, la création des films, les techniques utilisées, les thématiques abordées et même des conseils d'autres films en lien avec le programme. 

Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Découvrir la diversité des parcours d'émigrés
  • 2 Comprendre la complexité de l'exil
  • 3 Voyager à travers différentes cultures
  • 4 Réfléchir au vivre ensemble

Pour quel public ?

Coeurs perdus est un programme qui aborde, à travers trois courts métrages, le difficile parcours d'immigrés. Chacun de ses protagonistes est confronté à la violence de la perte et du déracinement, de différentes manières. De jeunes spectateurs de 11 ans et plus seront tout à fait à même de comprendre ces situations et d’interroger ces réalités. 

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