Couleur de peau : miel
Rédigée par Marie Horel

Couleur de peau : miel

De Jung, Laurent Boileau - 1h15 - 2012 (Belgique, France)
Couleur de peau : miel
à partir de 9 Ans

Synopsis

Aaaaïïïaaaa !!! Torse nu et en slip, un ruban autour du front, un jeune garçon joue au guerrier samouraï, seul dans sa chambre, en découpant des planches à pain qu’il a volées dans la cuisine. Lui, c’est Jung. Lorsqu’il est encore un tout jeune enfant, un policier trouve Jung dans la rue, affamé. Il le confie à l’orphelinat américain Holt. On est en Corée, en 1970, et depuis 1950, une guerre oppose la Corée du nord à la Corée du sud. Adopté par une famille belge - déjà nombreuse -, Jung vit heureux avec son frère et ses trois sœurs. Tous, Catherine, l’aînée, un vrai garçon manqué, Cédric qui a le même âge que Jung, Coralie, qui, elle, aime les romans à l’eau de rose et qui est la première de sa classe, et Gaëlle, la petite dernière, le considèrent comme leur propre frère. Mais, en grandissant, de nombreuses questions surgissent dans les cauchemars de Jung : a-t-il été abandonné par ses parents ? S’est-il perdu ? Ses parents sont-ils morts ? Pourra-t-il, un jour, retrouver sa mère qui hante ses pensées et ses rêves ? La place que Jung cherche à trouver est plus difficile encore quand arrive la petite Lee Sung-Sook, renommée Valérie par la famille, elle aussi une adoptée d’origine coréenne. Le jeune Jung, qui a déjà du mal à trouver son identité, entre la Belgique, son pays d’adoption, et la Corée, son pays d’origine, son quotidien, et des souvenirs qui resurgissent dans des nuits agitées, va, à travers la culture asiatique et le dessin, partir à la recherche de lui-même… 

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Rédigée par Marie Horel
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Le film Couleur de peau : miel est un film superbe à plusieurs titres. Très riche sur le plan narratif, il permet, tout d’abord d’aborder de nombreux sujets comme l’adoption et la double culture, thèmes centraux du film. En mêlant une matière d’images plurielles, le film est aussi très beau sur le plan esthétique. Les images d’archives de la Corée associées à des cartes, mêlées à l’animation par le jeu des raccords, introduisent la forme documentaire de manière pédagogique : il est, ainsi, plus facile de situer la situation de Jung enfant par rapport aux évènements historiques. Le choix de l’animation est évident pour dialoguer naturellement avec la bande dessinée dont est adapté le film. Ce choix est aussi judicieux pour apporter une douceur aux thèmes de la double culture et de la maltraitance abordés dans le film. C’est surtout la poésie qui domine dans le film Couleur de peau : miel. Le récit autobiographique que Jung a mis en mots et en images dans les trois volumes de la bande dessinée éponyme est ici raconté avec la voix de Jung adulte. C’est à travers ses mots, sa voix, que le spectateur découvre son histoire. Les vraies photos de famille et les images des films Super 8, mais aussi les images de Jung adulte qui découvre son dossier d’adoption font naître une émotion indescriptible. Le spectateur suit Jung pas à pas, dans ses doutes, ses cauchemars, ses questionnements. Si le sujet de l’adoption est central, il est aussi associé à ceux de l’identité, de la famille, de la différence mais aussi de la transmission. La finesse et la poésie du film ramènent le spectateur à lui-même et à sa propre histoire pour recouvrir ainsi une dimension universelle. Le film est à l’image de son titre : sucré et doux, « miel », il est à voir absolument !

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Le film raconte la vraie histoire du co-réalisateur, de son vrai nom Jun Jung-Sik, enfant coréen orphelin, adopté par une famille belge.  
Le retour en Corée de Jun Jung-Sik - dit Jung - a été filmé par une équipe de télévision coréenne. Les images documentaires ont une dimension émotive forte pour le spectateur qui découvre les pièces du dossier d’adoption de Jung en même temps que lui. Son identité incertaine (âge, prénom) et son état de santé dramatique au moment où Jung a été trouvé, et dont une photo garde la trace, rendent le témoignage de l’auteur encore plus poignant. C’est par la création que Jung a pu faire tout un parcours pour accepter son histoire et apaiser ses angoisses. Couleur de peau : miel est donc aussi un film sur la puissance de la création à se trouver soi-même.  

Le film Couleur de peau : miel est aussi une multi-production : il est, en effet,  issu d’une collaboration entre la France, la Suisse, la Belgique et la Corée du sud. Sorti en salle en juin 2012, le film a remporté de nombreux prix : prix du public au Festival international du film d’animation d’Annecy en 2012, mention spéciale au Festival de film de Turin en 2012, Grand prix au Festival de films pour enfants de Montréal en 2013, Prix du jury du film de jeunesse de Leeds en 2013, Grand prix du film d’animation du 17e Japan Media Arts Festival.

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Couleur de peau : miel fait partie des dispositifs scolaires d’éducation à l’image (« Collège au cinéma » en Seine-Saint-Denis, par exemple). Vous trouverez ici des liens pour accéder à des dossiers pédagogiques qui sont des mines d’informations pour aller plus loin sur le film :
http://www.transmettrelecinema.com/film/couleur-de-peau-miel/#generique
http://www.laurentboileau.fr/filmographie/couleur-de-peau-miel  

Les thèmes du film sont pluriels : au-delà de l’adoption, le film parle de la famille, d’identité, de la différence, mais aussi de la transmission et de l’apprentissage. Des liens avec de nombreux films peuvent être faits. En voici ici, quelques exemples :  
- D’autres films, courts ou longs, eux aussi « Miel » :
*Le parcours initiatique du petit Jung peut être mis en relation avec l’apprentissage de Victor dans L’Enfant sauvage de François Truffaut.
*On peut penser aussi à Kes de Ken Loach, au Petit fugitif de Morris Engel, et au film Les Contrebandiers de Moonfleet de Fritz Lang. Tous sont des films cultes.   *

Des courts métrages peuvent aussi être associés au film : Le court métrage Irinka et Sandrinka est traversé par la même thématique identitaire que le film de Jung et Laurent Boileau. Le film mêle, lui aussi, images documentaires et animation
https://vimeo.com/25588636  

Pour pouvez voir aussi : Open the door, please de Joana Hadjithomas, l’histoire d’un garçon qui ne rentre pas dans le cadre le jour de la photo de classe, ou encore Dahus de João Nicolau, un jeune garçon portugais trouve sa place dans le centre aéré où il passe ses vacances grâce à un compagnon imaginaire, un dahu.
Vous pouvez voir ces films sur le Kinetoscope, une plateforme pédagogique qui permet de découvrir le monde du court métrage, sur abonnement : http://www.lekinetoscope.fr  

- Textes et images communiquent ! Ici, vous trouverez des idées de récits qui parlent de la double culture, de la famille, de la différence. Ces livres sont à piquer à vos enfants quand ils les auront finis…  

*À partir de 9 ans :
- La Vie en gris et rose de Takeshi Kitano : un récit autobiographique dans lequel le réalisateur nous raconte, en dessins et en mots, le Japon de son enfance. Des liens forts sont à tisser autour des souvenirs, des jouets, de la famille de l’auteur avec la Corée et l’histoire de Jung.
- Azami de Isabel : l’histoire d’une jeune fille, Azami, partagée entre la France et le Japon. Un roman drôle et émouvant que vous lirez sans vous arrêter !
- L’Histoire d’Helen Keller de Lorena Hickok : le parcours initiatique d’une jeune aveugle, sourde et muette. A rapprocher de L’Enfant sauvage aussi.
- Oh boy ! de Marie-Aude Murail : découvrez l’histoire farfelue d’une famille atypique  

*À partir de 12 ans :
- Pyongyang, une bande dessinée de Guy Delisle dans laquelle l’auteur raconte son séjour à Pyongyang, capitale de la République populaire démocratique de Corée.
- Garçon-fille de Terence Blacker : Sam, le cousin américain de Matthew, débarque chez lui, et c’est compliqué. Mais un pari fou va permettre aux deux garçons et toute une bande de copains d’aller à la rencontre d’un pays inconnu… les filles !
- Blog de J-Philippe Blondel et Kilomètre zéro de Vincent Cuvellier : deux romans sensibles sur la filiation et la transmission.
- Brooklyn babies de Janet Mac Donald : Raven, une jeune fille noire de 16 ans, veut aller à l’université… mais elle est déjà mère. 

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour une découverte originale de la forme documentaire et de l’histoire de la Corée à travers le mélange d’images réelles et dessinées : photos de famille, images d’archives, vidéos en Super 8 et dessins sont, en effet, associés à l’animation
  • 2 Pour (re)découvrir la culture asiatique à travers les arts martiaux, des rites traditionnels, la peinture d’Hokusai mais aussi des personnages de dessin animé comme Goldorak et Astro le petit robot !
  • 3 Pour dévorer immédiatement après la projection les trois tomes de la bande dessinée qui ont inspiré le film

Pour quel public ?

Le film plaira aux petits comme aux grands. Je le conseille plutôt, cependant, à partir de 9-10 ans car le contexte de la guerre, les sujets de l’adoption et de la maltraitance peuvent être difficiles à aborder par un très jeune public.

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