De l'autre côté du ciel
Lubicchi vit au milieu de grandes cheminées dont l’épaisse fumée recouvre depuis toujours le ciel de sa ville. Il aimerait prouver à tous que son père disait vrai et que, par-delà les nuages, il existe des étoiles. Un soir d’Halloween, le petit ramoneur rencontre Poupelle, une drôle de créature avec qui il décide de partir à la découverte du ciel.
De l'autre côté du ciel, premier long métrage du réalisateur japonais Yusuke Hirota, frappe par sa saturation de couleurs, ses inspirations bigarrées et son mélange des genres. D’emblée, nous sommes plongés dans une ville qui ne respire pas et ne reçoit pas la lumière à cause d’un énorme nuage de fumée qui bouche tout horizon. Pourtant, l’univers du film est extrêmement coloré. Ces dernières n’existent que grâce à la lumière artificielle qui éclaire le monstre urbain. Ainsi, on retrouve une ambiance typique des mégapoles japonaises : des villes à étages parcourues par des routes tissées comme des toiles d’araignées et décorées de néons multicolores qui clignotent comme ceux d’un fol arbre de Noël.
Les personnages sont issus d’inspiration diverses. Lubicchi rappelle à la fois le conteur d’Andersen, Ole Ferme-l’œil, toujours coiffé d’un chapeau haut de forme, arborant un nœud papillon et une veste queue de pie, mais également le Professeur Layton, célèbre personnage du jeu vidéo japonais éponyme. On pense aussi aux personnages de Tim Burton (L’Étrange Noël de monsieur Jack, Charlie et la chocolaterie) et bien sûr aux classiques du manga japonais. La jeune fille armée qui apparaît comme par magie dans les situations de conflit n’est, quant à elle, pas sans rappeler une certaine Lara Croft (du jeu vidéo Tomb Raider).
De l'autre côté du ciel fait fusionner les genres : les séquences dansées nous plongent quelques instants dans une comédie musicale, les scènes d’action empruntent les codes de l’univers du jeu vidéo, et l’émotion vibre dans le film comme dans un mélo.
Très vite, on s’attache au duo que forment Lubicchi et Poupelle. La créature, constituée d’objets épars trouvés au fond d’une poubelle (lambeaux de tissus, éléments métalliques, abat-jours, manche de parapluie), s’anime comme une marionnette et ressemble parfois étrangement à un être humain. Son visage souriant offre d’ailleurs l’un des plus beaux moments du film.
En plus de proposer une esthétique originale et d’astucieux choix de mise en scène alliant harmonieusement 2D et 3D, De l'autre côté du ciel est une œuvre traversée par des thématiques aussi universelles qu’actuelles : elle évoque le deuil, le rêve, l’oppression politique et aborde surtout des questions environnementales. De l’amitié qui unit Lubicchi, enfant animé par les rêves que lui a transmis son père, et Poupelle, issu des bas-fonds de la ville-cheminée, naît la possibilité d’un monde meilleur. Un monde où l’on pourrait à nouveau croire à l’infini.
De l’autre côté du ciel est l’adaptation du roman graphique japonais Poupelle of Chemney Town (Poupelle et la ville sans ciel en français) de l’artiste touche-à-tout Akihiro Nishino. Publié en 2016, ce manga connaît un succès international. Akihiro Nishino est à la fois scénariste et producteur exécutif de l’adaptation cinématographique.
Une des thématiques abordées dans le film est celle de la différence. Poupelle est une créature mi-humaine, composée de déchets. On pense bien sûr à toutes les figures de monstres qui peuplent le cinéma à commencer par celle dans Frankenstein, créée à partir d’éléments humains. De prime abord, la créature effraie, mais finalement, on se rend compte qu’elle a un cœur qui bat. Il s’avèrera que le cœur de Poupelle est un trésor qui n’a pas de prix pour Lubicchi.
Étant donné la durée du film et son rythme, nous le conseillons à partir de 8 ans.
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