Du silence et des ombres
Rédigée par Cyrielle Jacheet

Du silence et des ombres

De Robert Mulligan - 2h09 - 1962 (États-Unis)
Du silence et des ombres
à partir de 11 Ans

Synopsis

En 1932 à Maycomb, petite ville d’Alabama, les jours s’écoulent lentement… Scout, petite fille espiègle et débrouillarde, son grand frère Jem et leur ami Dill trompent l’ennui à leur manière. Fascinés par leur mystérieux et discret voisin, Boo Radley, ils imaginent toutes sortes de récits à son sujet, s’amusant à se faire peur. Mais bientôt leur insouciance est mise à mal lorsque leur père, Atticus Finch, est commis d’office pour défendre Tim Robinson, un homme noir injustement accusé de viol. Confronté à la cruauté des adultes, les enfants vont peu à peu prendre conscience de la dureté du monde qui les entoure...

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Il est de ces romans qui touchent et marquent pour longtemps. Et lorsque ces œuvres rencontrent l’écran et que le cinéaste parvient à retranscrire l’âme du livre, le plaisir n’en est que plus grand ! Du silence et des ombres, adapté du classique de la littérature américaine Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee, en est l’un des plus beaux exemples.

A travers cette adaptation, Robert Mulligan nous livre un portrait cinématographique de l’enfance, subtil et d’une grande justesse. Le générique, formellement sublime, annonce à lui seul cette intention en nous invitant à pénétrer dans ce monde secret et mystérieux. Spectateurs privilégiés, nous plongeons dans la boîte contenant les trésors de Scout, bercés par son rire et par la composition musicale d’Elmer Bernstein. Le cinéaste ne cesse ensuite de dépeindre avec une finesse rare le quotidien de Scout, Jem et Dill, leurs jeux, leurs peurs et les multiples scénarios qu’ils élaborent au gré de leur imagination.

En se plaçant à hauteur d’enfants, c’est aussi le monde des adultes qui nous est donné à voir à travers les yeux de Scout. La vision d’une petite ville sudiste au temps de la Grande Dépression et de l’Amérique ségrégationniste, qui ne manquera pas de susciter de nombreux débats avec les jeunes. Le cinéaste filme ainsi le parcours initiatique de ces enfants, qui passerons de l’innocence à la réalité âpre de l’injustice et de la cruauté des hommes. Mais si Du silence et des ombres nous conte la perte de l’insouciance, il résonne aussi comme un cri d’espoir. En effet, les jeunes spectateurs découvriront aussi les valeurs d'humanisme au travers de la figure d’Atticus Finch, magistralement incarnée par Grégory Peck. Ils admireront également l’esthétisme du film, et notamment la magnifique photographie de Russell Harlan et les jeux d’ombres saisissants des scènes nocturnes.

Un chef-d’œuvre d’une grande beauté, aussi sensible que politique, qui n’a pas pris une ride et qui donne matière à penser…

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Harper Lee, l’auteur de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, a puisé dans ses propres souvenirs d’enfance pour imaginer cette histoire. Le personnage d’Atticus Finch a été inspiré par la figure de son père, celui de Dill Harris par celle son ami d’enfance, le futur écrivain Truman Capote. Maycomb a été quant à elle inspirée par la ville où l’auteure a grandit, celle de Monroeville. Harper Lee a reçu le prix Pulitzer pour son roman qui est à ce jour un incontournable de la littérature américaine avec plus de 30 millions d’exemplaires vendus et traduits en 40 langues. 

En France, le roman To Kill a Mockingbird a été publié sous trois titres successifs, en fonction de ses traductions et maisons d’éditions : Quand meurt le rossignol, Alouette, je te plumerai et enfin, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur. Lorsque le film est sorti au cinéma, le même problème de traduction s’est posé. C’est finalement un autre titre, Du silence et des ombres, qui a été privilégié. L’explication du titre d’origine est expliqué dans le livre et dans le film. Il vient du proverbe américain « It’s a sin to kill a mockingbird » : c’est un péché de tuer un oiseau moqueur car il ne nuit à personne et chante pour le plaisir des hommes. Cette image de l’oiseau moqueur a pour vocation de montrer à quel point il est injuste de s’attaquer à des personnes innocentes comme Tim Robinson ou Boo Radley. 

C'est donc en 1962, seulement deux ans après la sortie du roman, que le film est adapté à l’écran par Robert Mulligan, réalisateur américain qui a souvent exploré le thème de l’enfance et de l’adolescence : « cela m’intéressait de montrer comment le monde apparaît aux yeux des enfants, ce qui leur arrive et l’honnêteté avec laquelle ils peuvent regarder les choses, ce que je leur envie ». Le réalisateur a veillé à rester au plus proche du roman. C’est ainsi que pour reconstituer la ville de Maycomb telle qu’elle est dépeinte dans le livre, le chef décorateur l’a reconstituée en studios. Lorsque que Harper Lee a visité le plateau, elle a déclaré que la ville était tellement parfaite que les gens allaient sûrement croire que le film avait été tourné en décors naturels. 

Du silence et des ombres a été récompensé par trois oscars : celui du meilleur acteur dans un rôle principal pour Gregory Peck, du meilleur scénario adapté, et de la meilleure direction artistique pour un film en noir et blanc.

Deux ans après la sortie du film, en 1964, la loi sur les droits civiques était enfin adoptée, abolissant la ségrégation basée sur « la race », le sexe, la religion, la couleur ou la nationalité.

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Ce classique dont est adapté Du silence et des ombres est une œuvre précieuse et universelle, à lire à partir de 11 ans et à relire encore et encore…
HARPER Lee, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, Ed. Le livre de poche, 2006

Dossier pédagogique, article, analyse de séquence, le site Transmettre le cinéma propose des ressources pédagogiques qui vous apporteront de nombreux éclairages complémentaires sur le film.

Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 La beauté incomparable du générique sublimé par la musique d’Elmer Bernstein
  • 2 Un portrait subtil et tout en finesse de l’enfance, avec ses jeux, ses secrets et ses peurs…
  • 3 La photographie de Russell Harlan et ses splendides jeux d’ombres et de lumières

Pour quel public ?

Ce film peut être vu sans difficulté à partir de 11 ans et le plaisir de le revoir sera sans cesse renouvelé en grandissant ! Plus tôt, les spectateurs pourraient être impressionés par l'atmosphère inquiétante des scènes nocturnes et ils pourraient également avoir du mal à appréhender certaines subtilités du récit.

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