Goya du meilleur film en 2001, cette oeuvre à la fois limpide et profonde évoque sans fard mais avec finesse un drame du quotidien : l'enfance maltraitée. L'interprétation nuancée des acteurs, qui se mettent au service de cette histoire à la fois déchirante et banale, n'est pas pour rien dans la réussite du film. Le naturalisme du jeu et de la mise en scène renforce l'empathie que l'on peut éprouver pour le personnage principal, sa douleur, son combat, son chemin. La vie quotidienne de cette famille espagnole, ni riche ni pauvre, qui ignore le propre drame qu'elle héberge, est précise. La relative neutralité des décors – si l'on excepte le chemin de fer – envoie un message simple : ce pourrait être n'importe quelle ville, n'importe quelle famille, n'importe quel enfant... Justement, c'est l'enfance que le film évoque avec le plus de justesse : ses espoirs, ses brisures. Il décrit, au plus près de son héros, l'irruption de la violence dans une vie et se tire avec brio des situations qui auraient pu le faire sombrer dans le pathos. L'acteur principal est particulièrement saisissant quand il est joyeux, alors que tout l'inclinerait au désespoir. C'est un des mérites du film que ne pas nous emmener entièrement vers le noir, et de donner de la couleur au film, par un simple sourire... Qui fait a lui seul contrepoids contre la terrible faute du père. La fin du film est ainsi porteuse d'espoir.

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