Il Giovedi

Il Giovedi

De Dino Risi - 1h50 - 1963 (Italie)
Il Giovedi
à partir de 8 Ans

Synopsis

« Il giovedi » : le jeudi. L'histoire se déroule tout au long de cette journée particulière, un jeudi, depuis l'aube jusqu'à la nuit tombée. Unité de lieu : Rome. Unité d'action : devenir père.
Dino, la quarantaine, retrouve son fils, Robertino, 8 ans, qu'il n'a pas vu depuis 5 ans. Dino, grand enfant immature, vivant de petites combines, menteur, dragueur, exubérant, est un maladroit au grand coeur. Roberto, enfant gâté, cultivé, curieux et intelligent, formaté par l'éducation bourgeoise et rigide qu'il a reçue de sa mère et de sa nourrice allemande est aussi mélancolique et solitaire.
Il Giovedi est la rencontre entre un père et un fils...

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L'avis de Benshi

Il Giovedi peut être vu comme la version comique du Voleur de bicyclette, réalisé 15 ans avant, (l'enjeu pour les pères, dans ces deux films, étant de parvenir à se faire aimer par leurs fils), et offre au moins trois niveaux de lecture tout aussi passionnants les uns que les autres :
1/ un road movie (forme chère à Dino Risi) initiatique
Voyage dans Rome, en 1963 : la fête foraine, l'église, les cafés, les immeubles modernes en construction, les terrains vagues-terrains de foot, la plage d'Ostie... autant de lieux, où s'éprouve le chemin parcouru vers l'Autre. Roberto, devient très rapidement « Robertino », un diminutif qui condense toute l'affection qui circule entre les deux personnages : Dino semble un torrent d’effusion et de tendresse… qui finira par submerger Robertino.
2/ une fable politique
Il Giovedi décrit avec humour le choc des classes sociales et esquisse un tableau de la société romaine sur un ton satirique. Dans une Italie en plein essor économique, l’esprit caustique de Dino Risi s’attaque au nouveau mode de vie en vogue, futile et consumériste.
3/ un film burlesque
Robertino se laisse peu à peu gagner par la joie de vivre de son père, apprend à déchiffrer le monde des adultes et à regarder les filles. De nombreuses séquences sont ouvertement burlesques : débordement d’une partie de foot sous l’œil d’un gendarme, parties de cache-cache ou de course-poursuite où les corps, seuls, s’expriment. Et au moins deux séquences, où des apparitions, sous l’effet du montage, agissent comme un tour de magie.
Il Giovedi est en ce sens un vrai hommage au cinéma lui-même… En plus de l’hommage explicite rendu au western : au début du film, Dino tente de séduire Robertino avec Billy the kid, échoue, mais la réconciliation de nos deux compères s’effectue en rejouant L’Homme qui tua Liberty Valance de John Ford.

Il Giovedi est donc la rencontre entre un père et son fils ; rencontre qui se réalise dans les deux sens, autant du père vers le fils, que du fils vers le père ; rencontre entre l’eau et le feu : choc affectif entre deux caractères absolument dissemblables, choc social et culturel, entre un prolétaire et un petit bourgeois, et choc burlesque puisqu’Il Giovedi est aussi un grand film comique.

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Soulignons l'importance de la bande son et ses multiples chansons, qui peuvent décupler le ton de dérision du film ou dévoiler la mélancolie sous une légèreté apparente, telle la chanson finale, « si les choses sont comme ça ». La bande originale a été composée par Armando Trovajoli, complice de Risi, qui écrivit également celle d'Une Journée particulière de Scola.
Il Giovedi s'inscrit indéniablement dans le genre des comédies italiennes caractérisées par un subtil dosage de gravité et d'humour corrosif, avec une dose supplémentaire de tendresse.

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Un certain Jack London
Dino et Robertino se livrent à une drôle d'expérience, tirée d'un des derniers romans de Jack London, Le Vagabond des étoiles, qu’ils citent et racontent explicitement.
Le Vagabond des étoiles est un brûlot en forme de roman, contre le système pénitentiaire, et précisément contre la prison de San Quentin, en Californie. Le personnage principal, prisonnier, s'évade par la conscience, par la force de croire en la fiction.
Outre la séquence, durant laquelle Dino et Robertino se concentrent, comme le prisonnier, pour entrer dans la peau d'un autre personnage, (expérience qui tourne vite au fou-rire), cette foi en la fiction détermine tout le film, notamment dans sa deuxième partie. De « out » qu'il est au début, Dino décide de prendre le film en main, et c'est lui qui invente la suite avec une fantaisie absolument réjouissante, ce qui nous donne le plaisir de voir le film en train de se faire.
Du coup, Il Giovedi développe un esprit de subversion, d'insubordination et de liberté totale, sur fond de lutte sociale, empruntée à Jack London.
Pour aller plus loin, donc, pourquoi ne pas lire ou relire Jack London ? L'Appel de la forêt par exemple.

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Pour le duo Walter Chiari (Dino) / Roberto Ciccolini (Robertino) absolument irrésistible
  • 2 Pour la bellissime Michèle Mercier, qui interprète la petite amie de Dino
  • 3 Pour la joie de vivre diffusée par Dino et sa maladresse si touchante
  • 4 Pour voir Dino s’approprier peu à peu son rôle de père
  • 5 Pour le portrait de l’Italie du début des années 60

Pour quel public ?

À partir de 8 ans, il faut le voir en VOSTF pour profiter des voix en italien, et du phrasé de Walter Chiari, qui ne saurait trouver de doublage en français à la mesure de l'émotion qu'il suscite.

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