L'Illusionniste
Rédigée par Laetitia Scherier

L'Illusionniste

De Sylvain Chomet - 1h20 - 2010 (France)
L'Illusionniste
à partir de 10 Ans

Synopsis

Paris, 1959. Le public se désintéresse du Music-hall, qu’il juge démodé avec ses numéros de ventriloques et d’acrobates. Les passions se déchaînent désormais pour le rock’n’roll qui déborde de fraîcheur et d’audace. Impuissant devant un monde en pleine mutation, un illusionniste est alors contraint de quitter les grandes salles parisiennes. Le début d’une nouvelle vie le conduira à Londres puis à Edimbourg, où il rencontrera la jeune Alice. Douce, naïve et émerveillée par ses tours de passe-passe, elle sera la famille qu’il n’a jamais eu mais plus encore, un espoir pour l’avenir…

Rédigée par Laetitia Scherier
L'avis de Benshi
Plus d'informations
Aller plus loin
L'avis de Benshi

L’Illusionniste est une œuvre à part entière, avec ses propres ambitions esthétiques et narratives, mais indissociable de la vie et l'oeuvre de Jacques Tati. Adapté d’un scénario original et inédit de ce grand artiste incontournable du cinéma, le film redonne vie à son esprit avec ce mélange si subtil d’humour et de poésie. On reconnaît aisément la silhouette élancée et maladroite de Tati dans la stature de l’illusionniste, qui est plus une représentation de l’artiste qu'une caricature de son personnage de cinéma.

Ce deuxième long métrage de Sylvain Chomet - après Les Triplettes de Belleville en 2003 - est avant tout l’histoire d’une rencontre, de deux chemins qui se croisent et d’un lien aussi beau qu’improbable qui se tisse devant les yeux du spectateur. C’est aussi l’histoire d’une époque révolue et de personnages symboliques auxquels le réalisateur veut rendre hommage. Magiciens, ventriloques ou encore clowns, il nous offre une galerie de personnages bouleversants, plongés dans le doute, qui tentent de s’adapter aux nouvelles attentes d’une société en pleine mutation. Il nous embarque dans les rues de Paris puis de de la capitale écossaise, en créant un univers aussi réaliste que poétique, empreint d’une douce nostalgie.

Tendre et contemplatif, L’Illusionniste est également un film sur la communication, ce qui peut sembler paradoxal étant donné l’absence de dialogue, mais l’illusionniste et Alice parlant respectivement français et gaélique, il va leur falloir inventer leur propre langage pour se comprendre. Cette spécificité donne lieu à des séquences délicieusement burlesques. La musique a également un rôle déterminant dans le film, et pallie sans lourdeur à l’absence de dialogue entre les personnages.

Dans une volonté de coller au plus près à la réalité et de proposer un univers graphique sophistiqué, Sylvain Chomet a opté pour une animation artisanale. Les dessins ont été réalisés à la main et un grand soin a été apporté aux détails, aussi bien au niveau des bâtiments que dans la gestuelle des personnages. Certains éléments de décors et accessoires, qui comportent de nombreux et minuscules détails, comme la voiture et le chariot de l’illusionniste, ont cependant été réalisés en images de synthèse pour gagner un temps considérable. Ces choix audacieux font de L’Illusionniste une œuvre atypique, qui jongle à merveille avec nos émotions.

A l’issue de la projection, il est toujours possible de se questionner sur l’existence de la magie dans notre société, mais une chose est sûre, la magie du cinéma est plus vive que jamais !

Lire la suite Masquer
Plus d'informations

Sylvain Chomet est un artiste français né en 1963, qui a de nombreuses cordes à son arc : dessinateur et auteur de bandes dessinées, scénariste, réalisateur et compositeur. Diplômé en animation à l’École Européenne Supérieure de l’image d'Angoulême, il publie son premier roman graphique en 1986, Le secret des libellules, puis adapte le premier roman de Victor Hugo en bande dessinée. Il travaille ensuite sur plusieurs clips et publicités, puis réalise son premier court métrage d’animation en 1996, La vieille dame et les pigeons, qui sera nominé aux Oscars. Son premier long métrage sorti en 2003, Les Triplettes de Belleville, rencontre un grand succès critique et public, et décroche notamment deux nominations aux Oscars (Meilleur long métrage d’animation et la Meilleure chanson originale).

Chomet n’a jamais caché son admiration pour Jacques Tati, allant jusqu’à intégrer dans son film Les Triplettes de Belleville une séquence de Jour de fête (lorsque les triplettes regardent la télévision). C’est grâce à cette anecdote qu’est né L’Illusionniste : en tant qu’ayant-droit, la fille de Tati a dû donner son accord pour l’utilisation de cet extrait. En découvrant le travail de Chomet, elle considéra qu’il pourrait être à la hauteur pour porter à l’écran ce scénario inédit de son père. Malheureusement décédée quelques mois après lui avoir transmis ce trésor, Sophie Tatischeff n’aura jamais pu voir cette belle déclaration d’amour d’un père à sa fille portée à l’écran.

Sylvain Chomet désirait être le plus fidèle possible au scénario de Tati, aussi le seul changement notable qu'il s'est permis est géographique : le récit original se déroulait à Prague, et non à Edimbourg.

L’Illusionniste fait référence à l’œuvre de Tati au-delà de l’apparence de son personnage principal. Lorsque celui-ci passe de théâtre en théâtre pour proposer son spectacle, il amène toujours avec lui une affiche portant le nom de Tatischeff, nom de naissance de Tati. Puis lorsqu’il rentre dans un cinéma pour se cacher d’Alice, il se retrouve face à un extrait de Mon Oncle.

L’Illusionniste a reçu plusieurs prix, dont le César du meilleur film d’animation en 2011. Il est le premier lauréat de cette catégorie, créée la même année.

Lire la suite Masquer
Aller plus loin

Le dossier de presse à télécharger ici, une vraie mine d’or sur la genèse du projet et la production du film.

Une fiche pédagogique rédigée par e-média, le portail romand de l’éducation aux médias.

Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Replonger dans l’univers du grand Jacques Tati
  • 2 La séquence du « ragoût de lapin » qui fera rire petits et grands
  • 3 La sublime animation artisanale aux airs de carte postale

Pour quel public ?

Nous conseillons ce film à partir de 9/10 ans. L’Illusionniste comporte plusieurs niveaux de lecture et sera autant apprécié des enfants que des adultes. Ces derniers y verront des références plus subtiles et des allusions au mode de vie des années 1950.

Les thèmes associés

Burlesque Famille Magie Pauvreté Solitude Voyage
Films associés
78'

Jour de fête

De Jacques Tati
à partir de 6 ans
85'

Les Vacances de Monsieur Hulot

De Jacques Tati
à partir de 6 ans
107'

Mon oncle

De Jacques Tati
à partir de 6 ans
80'

Les Triplettes de Belleville

De Sylvain Chomet
à partir de 8 ans