Mary Shelley raconte à ses deux compagnons, Percey Shelley et Lord Byron, la suite des aventures du monstre créé par le Dr Frankenstein... Errant dans la campagne et désespéré de ne pouvoir tisser de lien avec les humains, celui-ci exige du savant qu'il crée une semblable qui pourra devenir sa compagne. Frankenstein refuse mais le monstre trouve un allié inattendu dans la figure de l'inquiétant Dr Pretorius.
Suite du premier opus réalisé en 1931 par James Whale également, La Fiancée de Frankenstein met en scène la création d’une compagne pour le monstre fabriqué par le Docteur Frankenstein. Le désir de cette créature d’avoir une semblable est autant mû par les déceptions que génèrent ses rencontres successives avec les humains, que par la jalousie qu’il nourrit envers le couple formé par son créateur et sa propre compagne, Elisabeth. Le titre du film contribue d’ailleurs à entretenir la confusion auprès du public entre les personnages du savant et de sa créature, car on ne sait s’il s’agit de la fiancée du docteur ou du monstre. Ce dernier, faut-il le rappeler, n’a pas de nom, marque de son absence de filiation et donc de sa monstruosité.
Boris Karloff incarne donc comme dans le film précédent un être tragique qui ne parvient à tisser un lien qu’avec celui qui ne peut le voir, un ermite aveugle qui lui apprend quelques rudiments de langage. Si le monstre est un bourreau, il est également une victime qui saura finalement faire preuve d’une grandeur d’âme peu commune en refusant la vengeance envers son créateur. A l’inverse, le personnage du Docteur Prétorius incarne un savant véritablement inquiétant, pour qui les êtres vivants ne semblent être que des jouets qu’on peut manipuler, tels les « homoncules » qu’il présente au Docteur Frankenstein pour le convaincre. Cette séquence apporte d'ailleurs une touche burlesque et grotesque au ton dramatique de cette œuvre dont la force tient justement dans cette confrontation entre humanité et monstruosité.
Lire la suite MasquerFrankenstein, ses suites et son influence
C'est l'immense succès en salles de Frankenstein en 1931 qui inspira plusieurs suites aux Studios Universal dont La Fiancée de Frankenstein, ainsi que la production de nombreux autres films fantastiques au cours des années 30. Ces studios nourrirent ainsi cet engouement à travers les productions de la série intitulée « Universal Monsters » qui comprend parmi ses titres les plus notables un autre film de James Whale L'Homme invisible (1933), ainsi que La Momie de Karl Freund (1932) ou encore Le Chat noir d'Edgar G. Ulmer (1934), deux films dans lesquels on retrouve l'acteur Boris Karloff dans le rôle principal. On peut également citer quelques productions d'autres studios tels que Freaks de Tod Browning (1932), L'Ile du Docteur Moreau d'Erle C. Kenton (1933) ou encore King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack (1933).
Lire la suite MasquerL'humanité du monstre
Nombre de films « de monstres » s'attachent à raconter les tourments de ces figures a priori repoussantes qu'on montre du doigt (on peut d'ailleurs se rappeler de l'étymologie du mot venant du latin « monstrare », identique à celle du verbe « montrer ») pour décrire leurs sentiments et parfois leur désespoir d'être rejetés par la communauté humaine. Celle-ci, a contrario, pourrait souvent dans ces films être qualifiée de « monstrueuse » dans ses réactions de rejet et d'incompréhension. On peut notamment citer trois films très différents mais qui ont chacun fait date dans l'histoire du cinéma : Freaks de Tod Browning (1932) déjà évoqué plus haut, Elephant Man de David Lynch (1980) ou Edward aux mains d'argent de Tim Burton (1990). Seul ce dernier titre est visible à partir de 7 ans, les deux autres pouvant être vus par un public adolescent.
Lire la suite MasquerA partir de 9 ans.