Dans le Maghreb des années 1920, un chat pas tout à fait comme les autres, vit en toute quiétude aux côtés du rabbin Sfar et de sa fille Zlabya, dont il est éperdument amoureux. Un beau jour, alors qu’il vient de croquer « accidentellement » le perroquet de son maître, le félin se trouve subitement doté de parole ! Il se met alors à questionner les croyances et les pratiques religieuses des hommes, causant bien du tracas au rabbin. Pour ne rien arranger, ils font bientôt la rencontre d’un jeune juif russe en exil, qui ne pense qu’à une chose : partir en quête d’un Jérusalem imaginaire. Accompagnés d’une galerie de personnages tous plus farfelus les uns que les autres, le chat et le rabbin se lancent dans un long voyage qui va les mener à la découverte de l’autre…
Joann Sfar nous livre avec Le Chat du Rabbin une adaptation réussie de sa bande-dessinée à succès et offre une seconde vie, cinématographique cette fois-ci, à son matou préféré ! Un vrai régal pour les amateurs des albums et une belle découverte en perspective pour les néophytes !
A travers ce conte philosophique, il nous fait vivre un voyage à la fois culturel et temporel, en nous plongeant dans l’Algérie des années 1920, pour mieux nous parler de religions et de spiritualité. Parler, c’est bien de cela dont il s’agit, car la parole occupe ici une place primordiale, se faisant tantôt dénonciatrice, piquante ou apaisante, si tant est que l’on soit capable de l’entendre. A travers la figure du chat, fantaisiste mais totalement irrésistible, Sfar imagine un personnage qui n’a pas sa langue dans sa poche. Posant sur le monde qui l’entoure un regard aiguisé, il s’amuse à questionner de manière impertinente les dogmes des êtres humains. On rit de ses « pourquoi » à répétition, qui, loin d’être candides, visent à bousculer les certitudes des hommes. Si le film fait mouche, c’est également parce qu’aucun personnage, ni aucune croyance ne sont épargnés ! Tout est tourné en dérision, avec toujours beaucoup de bienveillance et d’humour, excepté lorsqu’il s’agit des fanatiques religieux.
Le film est aussi un vrai régal pour les yeux ; on retrouve avec joie le coup de crayon si plaisant de Joann Sfar ! L’atmosphère d’Alger est merveilleusement rendue grâce à une palette de couleurs chatoyantes et une musique envoûtante. Et que dire du casting - de haut vol ! - et de l’interprétation tout en justesse de François Morel, prêtant sa voix au chat ! Une véritable réussite.
Ce long métrage est tout bonnement un film humaniste, au discours vivifiant et plein de positivité ! A travers le voyage initiatique de personnages hauts en couleurs, Sfar nous lance une invitation salvatrice à nous ouvrir au monde et à partir à la découverte de l’autre, pour mieux vivre ensemble. Cette œuvre saura à coup sûr susciter de nombreuses discussions avec les jeunes spectateurs, permettant ainsi de les faire parler du monde dans lequel ils vivent et où ils ont également leur rôle à jouer…
Lire la suite MasquerLe Chat du Rabbin est initialement une bande-dessinée créée par Joann Sfar. Six albums ont vu le jour depuis le premier d’entre eux : La Bar-Mitsva, sorti en 2002. L’adaptation cinématographique reprend les scénarios des albums 1, 2 et 5 ; l’idée étant de « de traverser toute l'Afrique pour reprendre la route de l'imaginaire colonial et raconter l'universalité de la bêtise humaine". Joann Sfar a longtemps refusé que la BD soit adaptée jusqu’à ce qu’il envisage de réaliser lui-même le film.
Joann Sfar, dessinateur et scénariste de bandes-dessinées, est né à Nice en 1971 où il grandit dans la culture juive, ashkénaze et séfarade. Il commence très tôt à développer une passion pour le dessin et envoie dès l’âge de 15 ans ses projets à des maisons d’éditions. Il suit par la suite des études de philosophie avant d’intégrer l’école des Beaux-Arts de Paris. En 1994, il est publié pour la première fois chez Cornelius avec Les Aventures d'Ossour Hyrsidoux. Il devient ensuite collaborateur de L’Association et y publie un feuilleton en noir et blanc dans la revue Lapin avant de signer chez l’éditeur Delcourt ses premiers albums en couleurs avec Pétrus Barbygère. Joann Sfar a crée une centaine d’oeuvres au succès retentissants, comme Petit vampire, Donjon, Pascin et bien d’autres ! En 2010, il s’essaye au cinéma avec le très réussi Gainsbourg, vie héroïque, pour lequel il reçoit le César du meilleur premier film. L’année suivante il adapte sa bande-dessinée, Le Chat du Rabbin et remporte le César du meilleur film d’animation. Puis en 2015, il réalise La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil.
Lire la suite MasquerLe site internet consacré aux bandes-dessinées et au film : http://www.chat-du-rabbin.com/
Ainsi que le dossier de presse du Chat du rabbin : http://www.chat-du-rabbin.com/fre/content/download/640/3480/file/le-chat-du-rabbin-dossier-de-presse.pdf
> Trois dossiers pédagogiques offrant de nombreuses pistes d’exploitation :
http://ifcinema.institutfrancais.com/uploads/c32dbb754455d1c6d613ceacd395883a.pdf
http://www.e-media.ch/documents/showFile.asp?ID=2022
http://www.zerodeconduite.net/dp/zdc_lechatdurabbin.pdf
> Une visite dans les coulisses du film avec ces making-of :
https://www.youtube.com/watch?v=DJxCiiIwkA8
https://www.youtube.com/watch?v=HMT-7etDCTU
https://www.youtube.com/watch?v=BzVsb4RFeUs
https://www.youtube.com/watch?v=KBtY5KaLt7Y&t=23s
> Une interview du réalisateur Joann Sfar :
http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne-194601/interviews/?cmedia=19222493
> Les trois bandes-dessinées dont le film reprend les histoires :
SFAR Joann, Le chat du rabbin : La bar-mitsva, Ed. Dargaud, 2002
SFAR Joann, Le chat du rabbin : Le Malka des lions, Ed. Dargaud, 2003
SFAR Joann, Le chat du rabbin : Jérusalem d’Afrique, Ed. Dargaud, 2006
Benshi conseille Le Chat du Rabbin à partir de 9/10 ans. A cet âge, les spectateurs pourront comprendre pleinement ce récit parfois complexe, tout en percevant le message que transmet Joann Sfar. De plus, bien que le film prône des valeurs de vivre ensemble et de paix entre les religions et les cultures, Joann Sfar ne nous propose pas une version totalement édulcorée et déconnectée de la réalité. Certaines scènes comme celle de la rencontre avec des extrémistes religieux, sont donc plus violentes et de fait pas adaptées à un public plus jeune. Le Chat du Rabbin est un film qui mérite tout particulièrement d’être accompagné par des adultes, afin d’échanger avec les enfants à l’issue du visionnage et leur apporter certains éclairages et clefs de compréhensions indispensables.