Le Chien, le général et les oiseaux
Rédigée par Laura Le Gall

Le Chien, le général et les oiseaux

De Francis Nielsen - 1h15 - 2003 (France, Italie)
Le Chien, le général et les oiseaux
à partir de 6 Ans

Synopsis

En 1812, Moscou s’apprête à tomber aux mains des troupes napoléoniennes lorsqu’un général russe sacrifie les oiseaux pour mettre le feu à la ville, réussissant ainsi à mettre en fuite l’armée française. Des années plus tard, ce général est un héros à la retraite. Désormais installé à Saint Pétersbourg, il mène une existence morose et solitaire. La nuit, cette bataille fatidique hante ses rêves. Le jour, il est tourmenté sans relâche par les oiseaux, qui ne lui ont pas pardonné le sacrifice des leurs. Grâce à un chien, le général va rompre avec la solitude et tenter de se réconcilier avec les volatiles de la ville, qu’il va aider à libérer de leurs cages…

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Adaptation d’une fable écrite par Tonino Guerra et illustrée par Sergueï Barkhin, Le Chien, le général et les oiseaux est une petite merveille du cinéma d’animation, originale à bien des égards. L’histoire, narrée par Philippe Noiret, est celle d’un héros fictif peu banal, dont « aucun livre d’histoire ne parle » et qui, pourtant, a mis en échec l’armée napoléonienne, devenant dès lors un héros en Russie ! Ce général inconnu au bataillon est un personnage atypique, lunettes rondes en équilibre sur le bout du nez, ample moustache blanche, bicorne sur la tête et parapluie noir à la main. Héros discret, il est hanté par le souvenir d’un fait d’arme qui a fait sa gloire, mais qui lui a aussi laissé d’infinis remords vis-à-vis des oiseaux qu’il a sacrifiés. Le film traite avec délicatesse du thème de la vieillesse et de la mélancolie, sans se départir d’un humour parfois absurde. Le tempo s’accorde à celui de son personnage principal, pour qui les jours s’égrènent au rythme de ses promenades dans les rues de Saint Pétersbourg. Lorsqu’il s’attache à un chien qu’il prénomme malicieusement Bonaparte « en souvenir du bon temps », le général - et le film ! - conquièrent un peu de gaieté et de folie. Les séquences de rêves deviennent surréalistes, se mêlent peu à peu à la réalité. On y croise le chien Bonaparte jouant aux échecs en fumant la pipe, ou s’envolant dans le ciel avec le général…

Graphiquement, le film est une splendeur. Le trait irrégulier du dessin, les perspectives faussées, les cadrages obliques confèrent à Saint Pétersbourg un charme poétique enchanteur, avec ses ponts brinquebalants et ses bâtisses biscornues. Pour adapter l’univers graphique de Sergeï Barkhin, le réalisateur Francis Nielsen a opté pour la technique des papiers découpés et pour des couleurs vives, parfois irréalistes, qui évoquent irrésistiblement le coup de pinceau de Chagall. Les chevaux verts et rouge, les clochers à bulbes multicolores, l’appartement du général aux murs grenat, violets et verts, la lumière rosée du lever du jour et la neige aux reflets bleus de l’hiver pétersbourgeois invitent à la rêverie. Le télescopage des couleurs froides et chaudes offrent des contrastes saisissants, comme dans la scène originelle où les oiseaux en feu fondent sur Moscou dans la nuit glaciale. La bande-son complète l’univers graphique avec un même souci du détail. Le bruissement des ailes des oiseaux, les murmures de la population, une cloche qui sonne au loin : tout est doux et précis. La musique signée Andrea Guerra est aussi très délicate et souvent entraînante, qu’elle accompagne un attelage parcourant allègrement la campagne russe enneigée ou invite le général et son chien à danser la valse. Il est aussi, et surtout, question d’amitié et de liberté dans le film. En aidant à délivrer les oiseaux et en sauvant les chiens qui appellent à leur libération, le général sera aussi délivré de ses turpitudes. Et s’il s’endort en lisant des poèmes d’Alexandre Pouchkine, on ne peut s’empêcher de penser à Prévert et aux oiseaux qui traversent son œuvre, eux aussi hérauts de la liberté…

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Le film est adapté d’une fable pour enfants écrite par Tonino Guerra, grand scénariste italien qui a notamment travaillé avec Federico Fellini, Michelangelo Antonioni, Francesco Rosi, Les frères Taviani… Le livre était illustré par Sergueï Barkhin, ancien chef décorateur du théâtre Bolchoï de Moscou. Pour adapter les illustrations pour le cinéma d’animation, le réalisateur Francis Nielsen a collaboré avec Patrick Clerc et Andreï Khrjanovski, maître du cinéma d’animation russe (L’Harmonica de verre, Le Lion à la barbe blanche…).  
Le film était sélectionné en compétition officielle au festival de Venise en 2003.

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Une fiche sur le film réalisée par l’équipe du festival "L’enfant et le 7ème art" :
http://enfant7art.org/archives/Festival2004/Fiches/04-LeGeneral.pdf

Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Se laisser conter une très belle fable sur la liberté,
  • 2 Le graphisme enchanteur et poétique,
  • 3 Pour toutes les scènes qui foisonnent de personnages très bien croqués : le rassemblement de chiens de tous poils sur la Neva gelée ; la visite au Tsar, entouré d’un halo doré, dans son éblouissant palais d’hiver ; l’apparition de l’émir de Boukhara à dos d’éléphant rose…

Pour quel public ?

Dès 6 ans. Le contexte historique (la campagne de Russie), bien que très bien expliqué dans la séquence d’ouverture, peut être un peu difficile à saisir. Cela ne devrait toutefois pas nuire à la compréhension générale du film. L’incendie de Moscou et les oiseaux aux ailes enflammées peuvent également impressionner les plus jeunes.

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