Le Garçon et le Monde

Le Garçon et le Monde

De Alê Abreu - 1h20 - 2013 (Brésil)
Le Garçon et le Monde
à partir de 7 Ans

Synopsis

Mandala : comme une vision kaléidoscopique qui se déploierait de l'infiniment grand à l'infiniment petit, un zoom arrière nous mène d'une cellule colorée, en gros plan, pour s'élever vers un univers gigantesque, où l'on perd de vue la petite cellule matricielle dans un imbroglio de cellules emboîtées les unes dans les autres... Comme des poupées russes, qui n'en finiraient pas de dévoiler de nouvelles poupées russes... Cette séquence liminaire pourrait résumer le cheminement du film entier. Au commencement, il y a un jeune garçon. Ce jeune garçon ouvre les yeux sur le monde, le découvre, en même temps qu'il le révèle, dans sa globalité : du singulier à l'universel.
L'enfance : univers paradisiaque, l'enfant vit avec ses parents dans une petite maison sommaire, perdue dans l'immensité d'un paysage sans fin. L'enfant joue, au cœur de la forêt luxuriante, il observe, les arbres, les fleurs, les poissons, les oiseaux ; curieux de tout, il écoute les bruits, les cris, les frémissements de la nature, l'enfant court, l'enfant bondit, l'enfant vole.
Fin de l'enfance : abrupte. Le père doit partir. Il fait sa valise et ses adieux à sa femme et à son fils, attend sur le quai désert d'une voie de chemin de fer, puis est avalé par un train-serpent qui se faufile et se perd à l'horizon. Le souvenir de son père et l'air qu'il lui jouait à la flûte hantent à tel point le garçon qu'il décide de partir à sa recherche. A son tour, l'enfant fait sa valise, y dépose l'unique photo de famille et s'en va.
Le long voyage : initiatique. Découverte du labeur harassant des petites gens, qui récoltent le coton, et dont la subsistance est suspendue au bon vouloir du contre-maître hargneux accoutré comme un cow-boy. Le fil du récit se déroule suivant la chaîne de transformation de la matière première à la fabrication de vêtements, destinés à la vente internationale. Ces produits manufacturés sont alors embarqués dans de gigantesques conteneurs, vers des bulles de civilisation développée, à l'air climatisé, flottant au dessus de l'océan.
Rencontres : un vieil homme accompagné de son chien fidèle, un jeune homme, fourbu, épuisé lorsqu'il rentre chez lui le soir, dans son logis misérable, perdu dans un ville tentaculaire, mais qui, au petit matin, se révèle un homme-orchestre magique, et qui, la nuit, en secret, tisse des étoffes merveilleusement multicolores. La parade musicale et colorée d'un joyeux carnaval ponctue l'errance du garçon, faisant naître dans les cieux un oiseau enchanté, qui devra combattre l'aigle noir de la terreur militaire des dictatures qui ont marqué l'Amérique du sud. Les figures d'allégories nourrissent le film entier, où la dualité se déploie du blanc à la couleur, du blanc au noir. La vie, la lumière, la beauté, l'horreur, la terreur, la lutte des classes, l'industrialisation, le désespoir comme la révolte et l'espoir : toute cette matière est à l'oeuvre, dans Le Garçon et le monde, comme matière première.

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L'avis de Benshi

Le Garçon et le monde est un film brésilien, cela est suffisamment rare pour qu'il soit nécessaire de le mentionner. D'une beauté sidérante, ce film est une symphonie visuelle, onirique, d'une inventivité extraordinaire. Comment montrer le monde dans lequel nous vivons, dans sa globalité et dans sa singularité ? Comment lier l'infiniment petit et l'infiniment grand ? Comment parler de la mondialisation sans discours politique, tout en faisant comprendre ses rouages et ses enjeux économiques ? Comment figurer l'acte de voir de ses propres yeux ? Quelles sensations, quels rêves cela provoque-t-il ? Ces quelques fils tissent la trame du Garçon et le monde avec la liberté de création et la force de la conviction d'une conscience éveillée sur le monde. Le Garçon et le monde peut être présenté aux enfants comme un jeu où il faut relier les points, les spectateurs doivent eux-mêmes accomplir cette trajectoire entre les séquences, plusieurs chemins s'offrent à eux, la lecture est plurielle. Le Garçon et le monde se vit comme un rêve, avec ses moments forts, ses rimes, ses images obsédantes, ses mystères qui subsistent. Rien n'est donné de manière définitive, la langue elle-même est une langue inventée, universelle (il s'agit de phrases en portugais prononcées à l'envers), les mots n'y sont pas distincts, seules restent les intonations, la musique. De fait, tout est musique dans ce film : la musique naît du silence, d'un rythme, d'un bruit qui devient mélodie. La bande-son marque la naissance de la musique comme l'écran blanc (ou la page blanche) celle du dessin. Le graphisme, où se mêlent pastel, craie grasse, crayon de couleur, peinture, étend ses variations de la plus épurée à la plus complexe, les couleurs chatoyantes sont un feu d'artifice, une féérie qui nous fait découvrir une palette infinie que nous ne soupçonnions pas qu'il nous fût possible de voir de nos propres yeux. Oui ! Le Garçon et le monde éclate comme une découverte : comme si nous découvrions l'Amérique (latine), comme s'il nous était donné de voir (ou d'entendre) pour la première fois, la couleur, la lumière, la musique et le monde, en un mot le cinéma !

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Le Garçon et le monde a reçu le Cristal du long métrage et le Prix du public au Festival d'Annecy 2014

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Le site du distributeur, Les Films du Préau :
http://www.lesfilmsdupreau.com/prog.php?code=gem

Le Garçon et le monde est inscrit au catalogue du dispositif national Ecole & Cinéma. Retrouvez la fiche "en famille" sur la plateforme Nanouk

Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Une symphonie visuelle absolument inédite : ce film est surprenant à tous les égards, tant au niveau du graphisme, que du récit, qui s'apparente davantage à une expérience onirique, et qui, paradoxalement, s'ancre terriblement dans la réalité sociale et économique mondiale
  • 2 Le Garçon et le monde offre un casting musical absolument monumental : les plus grands artistes brésiliens à l'oeuvre, depuis le mythique Nana Vasconcellos jusqu'au rap mélancolique d'Emicida, en passant par les percussions corporelles de Barbatuque, Gem, un groupe de musiciens qui utilise toute sorte d'objets en guise d'instruments et Ruben Feffer et Gustavo Kurlat, à la direction de la création musicale
  • 3 Oui ! Le Garçon et le monde n'a pas fini de nous surprendre !

Pour quel public ?

de 7 à 77 ans, à tout âge de la vie, à partir de l'âge de raison, à partir du moment où l'enfant a conscience de lui-même en tant que différent des autres.

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