En juin 1945, l'armée américaine bombarde la ville de Kobé. Tandis que leur mère malade part rejoindre un des abris, Seita et sa petite sœur de quatre ans, Setsuko, se retrouvent pris au piège sous une pluie de bombes incendiaires. Toute la ville s'embrase et les victimes se comptent par centaines. Leur maison détruite et leur mère mortellement blessée, l'adolescent et sa sœur vont aller s'installer quelques temps chez leur tante, qui habite quelques kilomètres plus loin. Cette situation est provisoire car Seita espère chaque jour avoir des nouvelles de son père, officier dans la Marine japonaise. La situation devenant très conflictuelle chez leur tante, ils décident alors de s'installer dans un abri de fortune près d'un étang illuminé chaque nuit par des lucioles. Mais la guerre fait rage, et la nourriture va rapidement manquer...
« La nuit du 21 septembre 1945, je suis mort ». Dès la phrase d'ouverture du film le ton est donné par ce jeune garçon à l'allure fantomatique, baignant dans une lumière rouge. Seita s'apprête à nous raconter son destin tragique, et les événements qui ont fait de lui le spectateur impuissant de la souffrance de ses proches, puis victime lui-même de la guerre.
Avec Le Tombeau des lucioles, Takahata nous offre un film sur l'enfance et l'apprentissage du deuil, et fait de cette histoire individuelle le reflet d'un drame collectif. Il ne s'agit pas ici de faire le procès des Américains, mais de se concentrer sur les victimes. Le film tente avant tout de montrer l'incompréhension de ces deux innocents qui se retrouvent seuls face au reste du monde. Bombardements, rationnement et maladie : la guerre demeure en toile de fond et nous ramène toujours à la réalité. Mais le thème central de ce film ambitieux et déstabilisant est l'amour entre un frère et sa sœur, que rien ne saurait détruire. D'un réalisme saisissant, proche du documentaire, la mise en scène de Takahata permet au spectateur d'entrer avec une facilité déconcertante dans leur univers tragique, ponctué d'instants de joie et d'insouciance au milieu des lucioles. Porté par la bande originale qui accompagne les personnages avec beaucoup de sensibilité, le spectateur perd toute notion du temps et se laisse aller à l'émotion.
Le Tombeau des lucioles porte également un message d'espoir à l'égard des futures générations, et nous rappelle encore une fois qu'il est important de se souvenir des tragédies passées sans détourner le regard, pour construire un monde plus juste.
Le Tombeau des lucioles a reçu le Prix du jury et le Prix des droits de l'enfant au Festival international du film d'animation pour enfants de Chicago en 1994.
Lors de sa sortie au Japon en avril 1988, Le Tombeau des lucioles est proposé dans les salles en double programme avec Mon voisin Totoro, de Hayao Miyazaki.
Une fiche claire et concise pour avoir rapidement des informations générales :
http://www.plan-sequence.asso.fr/bo/documents/LeTombeaudesLucioles.pdf
Le dossier du site "Transmettre le cinéma" avec notamment des pistes de travail :
http://www.transmettrelecinema.com/film/tombeau-des-lucioles-le/#outils
La fiche film du Cinéma[s] Le France :
http://www.cddp95.ac-versailles.fr/cinema/IMG/pdf/Tombeaudeslucioles-Fiche_film_cinema_le_france-2.pdf
Dossier très complet :
http://www.cinema-alainresnais.net/IMAGES/College2014/COLLEGEDP/dossiertombeau.pdf
Le Roux Stéphane, Isao Takahata, Cinéaste en animation : Modernité du dessin animé, Ed. L'Harmattan, Collection Cinémas d'animations, 2010.
Vous pouvez également découvrir la nouvelle semi-autobiographique dont est tiré le film : Nosaka Akiyuki, La tombe des lucioles, Ed. Philippe Picquier, Collection Picquier, 2015.
Nous conseillons ce film à partir de 11/12 ans, mais avec un accompagnement et une mise en contexte. Takahata ayant voulu représenter la réalité de la guerre, le film comporte plusieurs scènes difficiles. La mort y est traitée de manière respectueuse mais sans concession, aussi cela pourrait heurter la sensibilité des plus jeunes.
La Seconde Guerre mondiale étant étudiée en classe de 3ème, Le Tombeau des lucioles peut également être un bel outil de sensibilisation complémentaire, car il n'y a pas de limite d'âge pour découvrir ce chef d'œuvre de l'animation japonaise.