Les Racines du Monde
Rédigée par Marine Louvet

Les Racines du Monde

De Byambasuren Davaa - 1h37 - 2019 (Allemagne, Mongolie)
Les Racines du Monde
à partir de 9 Ans

Synopsis

Sur les steppes mongoles vit une famille unie. Amra, le jeune fils, rêve de participer à Mongolia’s Got Talent — la version mongole de notre émission « La France a un incroyable talent ». De son côté, son père, Erdene se bat contre le développement de l’exploitation d’or sur ses terres et la menace d’une expulsion. Lorsque ce dernier meurt tragiquement dans un accident, son fils, Amra, prend le relai avec courage et talent. 

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Avec ce quatrième long métrage, la réalisatrice mongole Byambasuren Davaa passe à la fiction. Ces trois premiers films dont L’histoire du chameau qui pleure (2003) présenté à Cannes et aux Oscars étaient des documentaires. Les Racines du monde s’appuie également sur une base documentaire : le film retrace le combat d’une famille vivant sur les steppes mongoles pour sauver ses terres de l’exploitation de l’or par des compagnies minières étrangères. Ce film à la photographie époustouflante — lumières célestes sublimes, plans au drone embrassant l’immensité des steppes, harmonies des couleurs de la nature et des costumes — a véritablement été tourné sur des steppes où sévit une exploitation minière qui ne se soucie guère des habitants et des traditions locales. L’histoire de la famille d’Amra est donc celle de nombreuses familles contraintes de quitter leur terre investie contre leur gré par les bulldozers et les pelleteuses. À cause de ces départs forcés, des hommes et des femmes sont arrachés à ce qui constitue leur vie même : leur yourte, leur terre, leurs bêtes, leur travail, leurs habitudes et leur coutumes. 

Bien que nous plongions à travers le film dans le quotidien d’une famille de nomades — au sens mongole, cela signifie « ceux qui se sont installés » et possèdent au moins une yourte et un troupeau —, le film fait écho à des combats qui sont aussi ceux de plus en plus d’occidentaux : lutter contre la pollution due à l’industrie, contre l’épuisement des ressources, tâcher de vivre en respectant la nature et l’environnement. Néanmoins, nous sommes, face à ce film, les spectateurs désarmés de logiques capitalistes qui ruinent des générations de formes de vie traditionnelle, formes qui nous sont aujourd'hui majoritairement inconnues en France.

Le récit complexe du combat contre l’exploitation incarné par les parents d’Amra se mêle habilement au regard que ce dernier, âgé de douze ans et encore plein de rêves, porte sur le monde cruel qui l’entoure. En cela, le film s’adresse aussi bien à un public jeune qu’à un public adulte. Byambasuren Davaa tient le pari d’un film qui nous saisit par la force de son récit et les émotions véhiculées par chacun des personnages. La relation qui unit les quatre membres de la famille, Amra (le fils aîné), Zaya (la mère), Erdene (le père) et Altaa (la fille cadette) est faite d'un silence respectueux et d'amour. Malgré le décès tragique de son père, Amra est habitée par une force faite de colère et d’espoir qui infuse tout le film et dont la beauté nous saute à la figure.

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Née en 1971 à Oulan-Bator, Byambasuren Davaa a réalisé un court métrage et trois documentaires avant Les Racines du monde. C’est âgée de 20 ans, dans les années 1990, que la réalisatrice décide d’abandonner ses études de droits pour se lancer dans des études de cinéma. Elle suit les classes de l’École de cinéma de Mongolie puis s'inscrit à l'École de cinéma de Munich en section documentaire. Vivant à Berlin, mais très attachée à son pays natal, Byambasuren Davaa a tourné l’ensemble de ses films en Mongolie : L'histoire du chameau qui pleure (2003), Le Chien jaune de Mongolie (2005) et Les Deux Chevaux de Gengis Khan (2011) ainsi que Les Racines du monde (2019). 

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Le dossier de presse édité par Les films du Préau propose un entretien avec la réalisatrice : https://www.lesfilmsdupreau.com/pdfs/dp/rdm_dp.pdf.

Comme on l’apprend à la fin du film : « À ce jour, plus de 20% du sol de la Mongolie est voué à l’exploitation minière, en grande partie via des licences accordées à des compagnies minières internationales. »

Déjà dans L’histoire du chameau qui pleure, la musique permettait à la chamelle repoussant son jeune chameau de retrouver une sensibilité qui la rapproche miraculeusement de son petit. À nouveau, dans ce film, la musique joue un rôle très important, puisque c’est un chant de son père qu’Amra chante lors de l’émission Mongolia’s Got Talent. Cette magnifique chanson n'est pas un chant traditionnel mongol, mais a été écrite par un chaman musicien à partir d'une maxime qui habite le film et chère à la réalisatrice : « Lorsque la dernière rivière d’or sera retirée de la terre, elle tombera en poussière. »

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 La puissance de la narration
  • 2 Découvrir les magnifiques terres mongoles et la vie de leurs habitants
  • 3 La musique inspirée de chants traditionnels
  • 4 Prendre conscience des dégâts causés par l’exploitation des ressources

Pour quel public ?

À partir de 8/9 ans et pour toute la famille. 

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