Kai habite depuis peu avec son père et son grand-père dans la petite ville de Hinashi, où l’économie ne tourne qu’autour de la pêche et de la fabrication de parapluies. Passionné de musique électronique, l’adolescent solitaire partage sur internet ses créations, espérant quelque part passer inaperçu. C’était sans compter sur ses camarades de classes, Yuho et Kunio, qui cherchent désespérément un troisième musicien pour leur groupe de Rock. Au cours de leur première répétition sur l’île aux sirènes, ils vont faire une étrange rencontre qui va bouleverser leurs certitudes et changer le cours de leur vie…
Pour aller tout de suite à l’essentiel, Benshi résumerait son expérience devant Lou et l’île aux sirènes comme un sentiment grisant de redécouvrir La Petite Sirène, mais dans lequel l’héroïne voudrait tant ressembler à Ponyo qu’elle aurait pris une trop grande dose de caféine (au moins), en écoutant du rock nippon. De ce mélange en apparence quelque peu improbable se dégage une incroyable fraîcheur et un scénario délicieusement déjanté.
Le récit est extrêmement riche, il se passe quelque chose à chaque instant, aussi il serait impossible d’aborder ici tous les éléments du film à exploiter. Nous retiendrons surtout que Lou et l’île aux sirènes est un film sur l’Amitié, avec un grand A. Les jeunes adolescents, tout autant que Lou, cherchent à se connecter avec le monde qui les entoure, à tisser des liens. Derrière les rires et les élucubrations des créatures marines fantastiques (requin-géant en costume cravate ou encore chiens-sirènes) se tient un message universel : malgré les plus grandes différences nous appartenons au même monde, et chacun y a sa place.
Visuellement, le film est aussi déluré que le scénario, et les personnages sont hauts en couleurs dans tous les sens du terme. Le style des dessins est simple et l’animation dynamique et décalée. Cette dernière s’accorde ainsi avec la bande originale très rock’n’roll, qui tient une place majeure dans le film. En effet, c’est au son de la musique que la nageoire de Lou laisse place à deux gambettes qui ne peuvent s’empêcher de danser.
Le réalisateur le revendique, il a voulu avec Lou et l’île aux sirènes réaliser un film pour faire rire petits et grands, et le pari est réussi !
Lire la suite MasquerDiplômé de l’Université de Kyushû au Japon, Masaaki Yuasa fait ses premiers pas dans l’animation au sein du studio Ajiadô en tant que scénariste, storyboarder et animateur. Il réalise Mind Game en 2004, son premier long métrage d’animation, et se démarque largement de ses contemporains par son style graphique proche de l'expérimental. Il crée le studio d’animation Science SARU en 2013. Il a déclaré dans plusieurs interviews avoir décidé de se lancer dans cette aventure après avoir découvert Le château de Cagliostro de Miyazaki.
Lou et l'île aux sirènes a remporté le Cristal du meilleur long métrage au Festival International du Film d'Animation d'Annecy 2017, la plus haute distinction.
Pour fêter les 100 ans de l’animation japonaise, les Inrockuptibles y consacre un hors-série avec des interviews, analyses et critiques, ainsi que l’histoire des grands studios : Animation Japonaise, Hors-Série Les Inrocks, juin 2017.
Nous conseillons Lou et l’île aux sirènes à tous les cinéphiles à partir de 8 ans qui aiment quand le cinéma leur apporte un petit zeste de folie et une grande dose d’humour… et inversement !