Sa Majesté des mouches
Pendant la Seconde Guerre mondiale, un avion transportant un groupe de jeunes garçons britanniques âgés de six à douze ans s’écrase sur une île déserte dans l’océan Pacifique. Ces enfants, sans adultes, sont livrés à eux-mêmes et doivent s’organiser pour survivre. Ralph est élu chef du groupe avec son camarade Piggy, souffre-douleur et objet des moqueries. Jack, le plus vieux de tous et le plus puissant d'entre eux, se sent humilié de ne pas avoir été choisi comme chef et, jaloux, construit son propre clan, rival du premier : les enfants sont dévêtus, grimés et poussent des cris d'animaux. La civilisation disparaît et laisse presque place à un état de nature violent où certains enfants perdront la vie.
Un groupe d’enfants sans adultes rescapés d’un crash d’avion se retrouve sur une île sauvage aux allures paradisiaques. Les enfants se retrouvent libres et c’est avec le sourire qu’ils élisent leur chef. Mais derrière les premiers plans de cette île aux cocotiers et sable fin, se cache une île parfois dangereuse où ils vont devoir survivre ensemble ! Au départ, tout semble bien se passer au sein de la démocratie qu’ils ont essayé de recréer, bien que la relation entre Ralph, le chef et Jack, qui convoite sa place, oscille entre amitié et animosité. Quant à Piggy, bien que souffre-douleur du groupe, il incarne la raison et la modération et restera toujours au côté de Ralph. L’organisation reconduit le système d’une microsociété : chaque enfant occupe un poste déterminé pour assurer bon fonctionnement du groupe. Toutefois, cette organisation va vite dégénérer et des situations de conflit vont naître. En effet, le film fait le récit de l’organisation d’une société qui tourne mal. Ralph se retrouve ainsi confronté aux difficultés du vivre ensemble et à différents coups déloyaux du groupe. L’ensemble va finir par se ranger du côté de Jack, figure du tyran.
De statuts d'enfants éduqués de la bourgeoisie anglaise, les personnages reviennent à un état de nature violent. Symbole du danger à abattre, les fantômes et les bêtes imaginaires que chassent les enfants renvoient à leurs croyances instinctives (chasser pour ne pas être chassé). Désormais grimés, ils poussent des cris et se prosternent devant une tête de cochon, totem de leur « clan ».
C’est avec brio que le réalisateur met en lumière les enfants, leurs peurs, mais également leurs sauvageries. Avec un dispositif de tournage simple (deux caméras), le metteur en scène capte magnifiquement les gestes et expressions des enfants, notamment dans les scènes de chasse ou de repas. A cela s’ajoute un tournage en lumière naturelle avec un travail sur les contre-jours.
Le film possède également une dimension documentaire puisque les personnages se situent dans une démarche d’expérimentation du monde. Les enfants sont si naturels qu’ils ne semblent parfois plus jouer, comme par exemple lors de la scène du repas. En cela, on remarque que le réalisateur a été influencé par le cinéma vérité (cinéma ethnographique).
Ce sublime film en noir et blanc s'interrogeant sur la vie en société et les rapports de force est à voir absolument !
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Sa Majesté des Mouches est une adaptation du roman de William Golding. Cet auteur britannique a été engagé lors de la Seconde Guerre mondiale comme soldat et cela s’en ressent dans toute son œuvre, à travers l’exploration de la thématique du bien et du mal notamment. La guerre et le nazisme a choqué l’auteur et a provoqué en lui ce questionnement : pourquoi l’homme civilisé a-t-il pu autant user de sauvagerie ?
« Le roman de Golding sort en 1954. Assez rapidement les droits sont achetés par le producteur américain Sam Spiegel, auréolé du succès du Pont de la rivière Kwaï. Brook qui connaît Spiegel se manifeste pour faire l’adaptation du livre. D’emblée il sait qu’il veut travailler dans des conditions volontairement précaires avec peu de moyens. Après plusieurs moutures du scénario il s’oppose à Spiegel qui veut produire un grand spectacle quitte à modifier le roman en ajoutant par exemple des filles sur l’île. Finalement, Spiegel s’impatiente et cède les droits du livre à un petit producteur. Au final ce changement convenait parfaitement à Brook qui partit en tournage durant l’été 1963 sur une petite île des Caraïbes avec un budget serré. Les conditions de tournage devaient être spartiates. Les familles accompagnant les enfants aidaient aussi à la logistique pendant le tournage. »
Extrait d'un dossier pédagogique de la coordination d'Ecole et cinéma, plus d’informations sur le site de l’académie d’Orléans.
« Un de nos plus gros problèmes était de les encourager (les enfants) à se libérer de toute inhibition pendant les prises mais de rester disciplinés entre chacune d’elles. » - Peter Brook
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Le dossier pédagogique du CNC est très riche en informations et analyses.
Le film est adapté du roman du même titre de William Golding. Il est intéressant de lire ce dernier au regard de l’adaptation de Peter Brook.
Sa Majesté des Mouches est absolument à mettre en lien avec L’Enfant sauvage de François Truffaut. Les deux films soulèvent des problématiques de la société et de l’« être sauvage », de l’éducation, et de l’enfance, mais Truffaut prend le contre-pied de Brook : il met en scène un enfant sauvage qui découvre la civilisation (le mythe du « bon sauvage »).
Pour les plus grand, découvrez la série de bandes dessinées Seuls de Vehlmann et Gazzoti, aux éditions Dupuis. Dans un monde où les adultes ont disparu, un groupe d’enfants cherche des justifications…
Même si le film n’est pas un documentaire, il se rapproche de l’esthétique du cinéma direct. Cela peut donc être l’occasion, pour les plus grands, de découvrir le cinéma direct de Jean Rouch à travers La Chasse au lion à l’arc.
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Ce film met en scène des enfants mais ce n’est pas, à proprement parler, un film pour enfants. En effet, les scènes de chasse et la mort de deux enfants peuvent être impressionnantes, c’est pour cela que Benshi le recommande à partir de 11 ans. Le jeune public sera saisi par la débrouillardise de ces enfants mais également par la dérive et la cruauté de certains personnages au sein du groupe.
