Sauvages
Rédigée par Manon Koken

Sauvages

De Claude Barras - 1h27 - 2024 (Belgique, France, Suisse)
Sauvages
à partir de 8 Ans

Synopsis

À Bornéo, dans un petit village à la lisière de la forêt tropicale, Keria sauve un bébé orang-outan des mains des gardes de la plantation. Le jour même, son cousin Selaï emménage chez elle afin d'échapper au conflit qui oppose sa famille autochtone aux compagnies forestières. Malgré leurs différends, les deux cousins et le jeune singe vont s’unir pour protéger l’ancienne forêt contre la soif de profits des hommes.

Rédigée par Manon Koken
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À Bornéo, où la forêt millénaire est tous les jours grignotée par les tractopelles, nous partons à la rencontre de la valeureuse Keria, de son cousin Selaï et de l’adorable petit singe Oshi. Ils seront accompagnés d’une belle panoplie de personnages, offrant une richesse de points de vue à l’histoire. En même temps que l’adolescente rebelle, nous nous immergeons dans la culture des Penan et dans cette forêt luxuriante qui est le cœur de leur identité. C’est également l’occasion de s’émerveiller de la beauté du stop-motion, de l’esthétique des personnages et des décors, et surtout de rire aux éclats des situations cocasses que le réalisateur n’oublie pas de disséminer dans son film. 

Tout comme dans Ma vie de Courgette, Claude Barras aborde une grande diversité de sujets dont il sait rendre accessible la complexité. Le plus puissant ? Le cri d’alarme de l’urgence écologique qui continue de résonner alors que le générique entame l’appel au secours de Daniel Balavoine, Tous les cris les SOS. Dans la forêt, tous les jours, les autochtones Penan sont dépossédés de leurs terres et menacés par les intérêts des multinationales et des politiciens véreux, alors la résistance s’organise. En accord avec leur culture, le récit a également l’intelligence de montrer que cette lutte va de pair avec la protection d’une identité mais aussi avec celle des autres espèces qui peuplent la forêt. Pour cela, le réalisateur choisit de toujours être au plus près de la vérité. Ainsi, dès les premières secondes, le hurlement des tronçonneuses rompt la mélodie de la forêt et Keria sauve un bébé orang-outan des fusils des bûcherons. La dimension inexorable de cette fin qui se rapproche à chaque chute d’arbre ne nous est pas non plus épargnée. 

Sauvages est une œuvre admirable et plus que d’actualité qui, tout en exposant la gravité de la situation, nous donne le goût de la lutte tout en nous laissant l’espoir. Comme l’annonce si bien son ouverture, « la Terre ne nous appartient pas, nous l'empruntons à nos enfants ». Alors luttons avec eux !

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Par le réalisateur de Ma vie de Courgette !
Le réalisateur suisse Claude Barras a fait des études d’illustration en France, à l’école Emile Cohl de Lyon, et en Suisse en animation. Il a réalisé et produit huit courts métrages avant de passer à la création de son premier long métrage, Ma vie de Courgette, César du meilleur film d'animation en 2017. Sauvages a, quant à lui, été en sélection officielle au Festival de Cannes 2024 et au Festival d’Annecy. Tu peux retrouver une belle interview de Claude Barras dans le dossier de presse du réalisateur Haut et Court en suivant ce lien. Par ailleurs, deux de ses films sont recommandés par Benshi, Le Génie de la boîte de raviolis et son premier long métrage, Ma vie de Courgette.

Des inspirations personnelles
Pour réaliser Sauvages, Claude Barras s’est beaucoup inspiré de ses souvenirs d’enfance, non pas à Bornéo mais en Suisse ! Ses grands-parents étaient fermiers et vivaient dans les montagnes. Ils étaient nomades et changeaient de village au fil des saisons : « l’hiver, on le passait en plaine avec les bêtes dans l’étable. Au printemps, on montait au village supérieur pour les cultures céréalières. L’été venu, on menait collectivement les troupeaux sur les alpages puis à l’automne on récoltait la vigne. » Sa fascination pour les primates et le désir d'alerter sur la gravité de leur situation et celle de la forêt ont également été des éléments moteurs dans sa création. 

Le stop motion, la technique fétiche de Claude Barras
Le réalisateur, Claude Barras, utilise une technique bien connue des fans de Wallace et Gromit : la stop motion. « La stop motion est pour moi une forme de résistance au monde de la virtualité et des ordinateurs. » Les personnages sont de petites figurines articulées recouvertes d’une sorte de pâte à modeler. Le réalisateur ne les filme pas, il photographie chacun de leurs mouvements, image par image. En mettant bout à bout ces images (en faisant le montage), on obtient un film. C’est un travail qui demande beaucoup de patience et de méticulosité. Tu peux en apprendre plus sur le tournage de Sauvages grâce à cette vidéo et aux photos ci-dessous. 

 

 

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Les Penan, peuple nomade natif de Bornéo
Tout comme Selaï, Keria appartient au peuple des Penan. Comme d’autres peuples autochtones, les Penan entretiennent une relation unique avec leur environnement. Pour eux, la forêt tropicale humide - Tana Pengurip (« forêt vivante ») - est bien plus qu’un lieu de vie, elle est au centre de leur culture, de leur histoire et de leurs croyances. Esprits et fantômes la peuplent et les Penan les respectent voire les craignent. Si la forêt est détruite, c’est leur identité qui disparaît avec elle. C’est pourquoi depuis plus de 40 ans, ils s’engagent pour lutter contre les compagnies forestières qui veulent la transformer en plantation. 

Pour se documenter avant de passer à la réalisation, Claude Barras a rencontré l’un des chefs de la résistance penane et a accompagné l’une des dernières familles nomades pendant 10 jours dans la forêt. Il a également proposé aux Penan de se joindre au tournage : ce sont eux qui ont créé tous les sacs et les sarbacanes que portent les marionnettes dans le film ! 

Le drame de la déforestation
Claude Barras tenait à parler de la situation à Bornéo du fait de son urgence. Cela fait des dizaines d’années que les compagnies forestières abattent la forêt pour y planter des palmiers dont l’huile sert à fabriquer de nombreux cosmétiques, biocarburants et produits alimentaires que nous consommons. Aujourd’hui, seuls 10% de forêts primaires restent inexploitées. Appâtés par le gain, certains politiciens et multinationales marchent main dans la main et condamnent la forêt et les peuples qui l’habitent à un funeste destin. Autres victimes de cette destruction, les orangs-outans de Bornéo ne sont plus que 8 000 aujourd’hui alors qu’ils étaient 80 000 au début des années 60 ! 

Militer sur place et à distance
A Bornéo, la résistance s’organise entre les communautés qui vivent dans la forêt et, comme tu peux le voir dans le film, cela passe aussi par l’utilisation de smartphones, des réseaux sociaux et de drones. Le réalisateur a d’ailleurs beaucoup réfléchi à cet élément central de la lutte : « Entre leurs mains, la technologie est vraiment un outil de résistance. Je me suis dit que c’était bien de montrer qu’il y avait du positif, que l’outil n’est pas en lui seul le problème : c’est évidemment l’usage que l’on en fait. »

À la sortie en salle du film, tu pourras toi aussi prendre part à la lutte ! Un site internet sera accessible au public pour découvrir des actions concrètes pour agir contre la déforestation et pour la protection des animaux. Pour les enfants, des activités autour de ces grands thèmes seront proposées ainsi que des ressources pédagogiques. À suivre !

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Vivre une grande aventure militante aux côtés de ces héros attachants
  • 2 S’initier à la culture des Penan avec Keria
  • 3 Découvrir la gravité de la situation à Bornéo
  • 4 Comprendre l'urgence de protéger notre environnement
  • 5 Admirer la beauté de l’animation de Claude Barras

Pour quel public ?

Avec réalisme, finesse et maîtrise, Sauvages rend des sujets sensibles et complexes accessibles dès 8 ans.

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