DOSSIERS

Trois livres pour prolonger la sélection Princes et Princesses

Rédigée par Benshi

Ce mois-ci, Benshi s'est associé à culturekids.fr pour vous proposer des livres en lien avec notre sélection Princes et Princesses. Découvrez sans plus tarder les recommandations de Christel Moreau, rédactrice littérature jeunesse, pour prolonger la thématique !

Des princesses pas commes les autres
Ah les histoires de princesses… un grand classique des histoires pour enfants. Mais est-ce que toutes les princesses sont nécessairement des créatures pailletées, superbes et parfaites, uniquement destinées à passer des jupons de la reine-mère à une vie sous la coupe de princes plus ou moins charmants ? Non, et heureusement ! Aujourd’hui, elles se marient si elles veulent et avec qui elles veulent, elles rient fort, elles dansent, elles pètent ! Bref, aujourd’hui, être une princesse, c’est parfois carrément la fête !

La Princesse qui pue et qui pète : La princesse au naturel
La princesse Castille de Bonaloi n’est décidément pas une princesse comme les autres. Les robes roses à froufrous, les licornes et les dentelles, elle s’en fiche ! Les bonnes manières et la politesse, c’est pas ça qui la stresse ! À la ferme de son copain Armand, on fait des concours de pets, on grattouille des mignons petits cochons boueux et on brosse le poney.

Dans le premier tome, ses parents sont très inquiets : comment peut-elle espérer trouver un bon mari avec une attitude si impolie ? La décision est prise : ils font appel à Merlin Pinpin, qui lui concocte une potion de mièvrerie. Les ingrédients? Futilité, niaiserie et platitude. Le cocktail parfait pour transformer notre pétillante Castille en petite princesse gourde, oups pardon...modèle. Mais est-ce vraiment dans son intérêt, à elle ?


Dans le second tome, Castille se découvre un inopportun prétendant. Pédant, prétentieux et arrogant, il la souhaiterait plus princesse et moins souillon. Fini les câlins aux cochons ! Mais ce n’est pas ce détestable Gontran de Pacotille, avec son air supérieur, qui lui retirera ses petits bonheurs, surtout quand il manque à ce point de bravoure et de grand cœur : pas courageux pour un sou, il refuse de se salir pour sauver un des petits cochons de la noyade. Armand, le fils de fermier lui, a leur cœur au bon endroit : ni une ni deux (ni trois), il s’élance et sort le goret de là. Décidément, dans le cœur de Castille, face à un Armand, aucun Gontran, même de bonne famille, ne fait le poids.

     


Sous leurs aspects drôles et légers (les prouts, c’est toujours efficace), ces petites lectures destinées aux jeunes enfants, délivrent en réalité un propos des plus importants. Deux, même ! La nécessité de casser les stéréotypes de genre et celle de libérer les petites filles des attentes de la société en général, et de la gent masculine en particulier. Mais également de l’importance de respecter les individualités.
Et pour faire passer ce message, notre Castille tord le cou aux idées reçues sur les codes genrés, que ce soit par son comportement, ses jeux ou ses affinités. Avec elle, pas de petite princesse enrubannée, et pas de prince mal intentionné, encore moins s’il attend qu’elle change sa personnalité pour daigner l’accepter. La princesse Castille de Bonaloi n’a pas besoin d’un prince comme ça !

Tome 1 : La princesse qui pue qui pète
Tome 2 : La princesse qui pue qui pète et le prince pas très charmant

A partir de 5 ans.

Autrice : Marie Tibi. Illustrateur : Thierry Manes.
Editeur : Casterman, Casterminouche coll.
5.95 euros l’un.

 

Pourquoi les princesses devraient-elles toujours être tirées à quatre épingles ? : La princesse qui s’assume

C’est l’heure du conte. Dès que la bibliothécaire démarre son histoire de princesse, on sent que rien ne va se passer comme prévu. Aux questions incessantes des enfants curieux, elle adapte son histoire et répond sans détours et sans ménagements : oui, c’est encore une histoire de princesse, oui, le fonctionnement d’un royaume c’est injuste et navrant, oui, les princesses des histoires doivent se marier à des princes exclusivement, et non, ce n’est ni normal ni marrant. Est-ce que son histoire de princesse sera ennuyeuse pour autant ? Pas vraiment.

Il se trouve que la jeune fille du conte rencontre un problème inattendu : le bal de ses 16 ans arrive à grands pas et ses cheveux refusent de rester bien coiffés. Tout a été tenté et rien n’y fait. Le roi et la reine, ses parents, sont vraiment très inquiets : quel prince digne de ce nom accepterait une princesse ébouriffée ? Dans ce royaume aux codes périmés, dépassés, totalement datés, on n’imagine pas une seconde que les règles de bienséance puissent ne pas être respectées. C’est pourquoi, le jour venu, le roi décide de la garder cachée. Grosse erreur ! La joie de la princesse, autant que ses cheveux, ne sauraient rester bien longtemps enfermés… La vérité éclate, la cour est écarlate, la princesse danse et s’éclate, et, au final, tout le monde adhère à cette incroyable princesse inadéquate.

       

Résolument politique et engagée, cette histoire riche en questionnements, en rebondissements, ne se déroule vraiment pas comme on s’y attend, et c’est tant mieux. Non seulement elle bouscule les codes, ouvre les esprits, mais elle ne prend définitivement pas les enfants pour des idiots. Les propos sont simples, francs et rafraîchissants. Aux questions des enfants, la bibliothécaire répond avec autant de sincérité que possible. Et d’humour aussi ! Le chat, lui, surgit de nulle part, pose des questions auxquelles les enfants n’auraient peut-être pas pensé et permet à l’autrice d’aller plus loin dans sa démarche anti-langue de bois. Cet album est une mine de pistes de réflexion et de base de conversations pour les parents qui souhaitent que leurs enfants réfléchissent par eux-mêmes et s’épargnent le poids des clichés de genre totalement périmés. On devrait lire des histoires modernes, intelligentes et engagées comme celle-ci plus souvent aux enfants.

Pourquoi les princesses devraient toujours être tirées à quatre épingles ?

A partir de 6 ans.

Autrice : Jo Witek. Illustratrice : Maurèen Poignonec.
Editeur : Talents hauts.
15 euros.

 

 


Princesse Moustache
: La princesse courageuse


Le roi et la reine n’ont pas d’enfant. Ils ont beau tout essayer, rien n’y fait. Alors quand un joli bébé dans son couffin est déposé devant leur porte, ils décident de l’élever et de l’aimer comme leur propre fille, comme la princesse en somme. Oui mais voilà, en grandissant, ce qui se trouvait être un léger duvet sur la lèvre du bébé s’affirme comme une bonne grosse moustache. Loin d’être banale, cette particularité surprend, amuse, dégoûte, et fait jaser. « Princesse a une moustache, cela fait tache ! Une princesse velue, c’est vraiment malvenu ! » Vexée, blessée qu’on n’accepte pas ses poils sous le nez, Princesse prend la fuite. C’est seulement quand elle fait la rencontre de ce barbier qui lui propose de joliment la tailler (mais certainement pas de la raser) que Princesse réalise à quel point est-elle est en droit de l’assumer. Cette moustache fait partie d’elle et ça ne va pas changer !

       


Princesse Moustache est définitivement une princesse peu conventionnelle. Si c’est au premier abord par son apparence, c’est aussi par son courage et son désir de se faire accepter telle qu’elle est. Avec ce petit conte simple et charmant, l’autrice nous présente subtilement une super-héroïne qui se bat à la fois contre les injonctions de la société sur le physique des femmes, contre les moqueries de ses contemporains et même un peu contre les stéréotypes de genre au final. Un mini voyage initiatique à la recherche de l’acceptation de soi, en quelque sorte, puisque ce n’est qu’une fois ce stade atteint, grâce à une rencontre particulièrement bienveillante, qu’elle est prête à rentrer au château, enfin acceptée par tous. Princesse a une belle moustache, qu’on se le dise.

Princesse moustache

A partir de 5 ans.

Autrice : Eve-Marie Lobriaut. Illustratrice : Aurélie Grand.
Editeur : Glénat jeunesse.

11,90 euros

 

 

 

Rédigée par Benshi