DOSSIERS

Georges Méliès : l’inventeur du spectacle cinématographique

Rédigée par Marine Louvet

À l’occasion des 160 ans de la naissance de Georges Méliès (1861-1938) qui seront célébrés le 8 décembre 2021, Marine Louvet de Benshi vous propose de revenir sur le parcours de l’homme et de découvrir ou redécouvrir son œuvre à travers deux de ses films phares : Un Homme de têtes (1898) et Le Voyage dans la Lune (1902). 

Surnommé tour à tour le poète de l’image animée, le magicien de l’écran, le Jules Verne du cinéma ou encore l’homme-orchestre, Georges Méliès est avant tout l’inventeur du spectacle cinématographique. Si l’on doit aux frères Lumière l’invention du cinématographe (machine permettant à la fois la prise de vue et la projection), c’est à Georges Méliès que l’on doit d’avoir perçu son incroyable potentiel. Là où les frères Lumière s’intéressaient en premier lieu à ses vertus documentaires et scientifiques, Georges a d’emblée l’intuition qu’il fera des images produites par le cinématographe de l'art. Revenons sur le parcours d’un homme hors du commun. 

Les débuts

Jean-Louis Méliès et Catherine Schueringh sont tous deux employés dans une usine de chaussures quand ils tombent amoureux, et se marient en 1843. Ils ont d’abord deux garçons, Henri et Gaston. Puis, dix-huit ans plus tard, en 1861, naît le petit Georges Méliès. Les heureux parents sont alors devenus de riches fabricants de chaussures. À l’initiative de Jean-Louis Méliès, homme de caractère et d’ambition, le couple s’est mis à son compte et possède désormais un atelier de confection ainsi qu’un magasin de chaussures occupant un immeuble entier de la capitale. L’ascension fulgurante des parents de Georges leur permet de vivre dans un appartement à Paris et de s’offrir une maison entourée d’un vaste parc à Montreuil qui n’est alors encore qu’un village réputé pour ses pêches. Dès son plus jeune âge, Georges Méliès détonne à côté de ses deux frères. Contrairement à ses aînés, il a grandi choyé par sa mère, trop heureuse de pouvoir offrir à ce dernier enfant ce qu’elle n’avait pu offrir aux deux premiers : du temps d’abord, mais aussi la meilleure éducation possible. Dès l’adolescence, il fait preuve de talents de dessinateur et s’enferme dans le grenier familial pour y préparer des spectacles de marionnettes et de magie qui enchantent la famille. Les rencontres faites pendant ses études et sa personnalité originale poussent le jeune Georges à s’intéresser de plus en plus à l’art et à la politique. Alors que ses aînés sont déjà employés dans la société familiale, Georges affirme n’avoir aucun goût pour les affaires et la chaussure.

En 1982, de retour de son service militaire, Georges, qui a tout juste 20 ans, fait part à son père de son désir d’entrer aux Beaux-Arts de Paris. Pour le père Méliès, c’est un sacrilège. Lui qui a construit un empire avec la chaussure n’imagine pas que son benjamin ne suive pas son chemin. Il lui propose donc de travailler à l’atelier tout en prenant des cours de peinture en amateur sur son temps libre. Les artistes sont encore mal vus dans les milieux bourgeois en cette fin de XIXème siècle. Après quelques heures passées dans l’atelier de confection de chaussures, Georges rejoint un autre atelier, celui du peintre Gustave Moreau, ami de la famille. Suzanne, la fille des concierges de l’immeuble où vit le peintre, lui sert alors de modèle vivant et emporte ses faveurs. Les cours de peinture se transforment vite en rendez-vous amoureux. Plein de fougue, Méliès annonce à ses parents qu’il souhaite demander la jeune fille en mariage. Ces derniers, qui ne voient pas cette union d’un bon œil, proposent à leur fils de partir parfaire son anglais de l’autre côté de la Manche. En réalité, ils souhaitent l’éloigner de ses premiers émois. Peiné, Georges se distrait comme il peut à Londres où il fait la rencontre de David Devant, un magicien qui lui apprend ses premiers tours en échange de la réalisation de quelques décors. Georges se voit alors ouvrir les portes d’un art qu’il maîtrisera avec talent.

De retour à Paris, le jeune homme s’installe dans un immeuble que ses parents ont fait construire au 5 rue Taylor dans le 10ème arrondissement. Toute la famille y vit : ses parents ainsi que ses deux frères et leurs épouses. Aujourd’hui encore, on peut voir le « M » de Méliès gravé dans la pierre au-dessus du frontispice de l’immeuble. Catherine met alors Georges en relation avec une certaine Eugénie Génin. En 1885, cette dernière devient Eugénie Méliès. Le couple donne naissance à une petite Georgette, qui deviendra la première femme opératrice de l’histoire du cinéma et, bien plus tard, à un fils, André, qui sera comédien et metteur en scène d’opéras comiques.

 

       
Georges Méliès vers 1890 - La famille Méliès - Georges Méliès au Théâtre Robert Houdin

Pour répondre aux attentes paternelles, Méliès travaille un temps dans l’atelier familial en réparant et améliorant le rendement des machines ainsi que comme comptable. Mais, peu à peu, son mariage, la naissance de sa fille, son implication en politique, ses activités de dessinateur humoristique au sein du magazine La Griffe auquel il collabore avec son oncle Adolphe Méliès, le dessin, puis la photographie et la poésie le poussent à délaisser la chaussure pour de bon. En amateur, Georges Méliès se produit dans un petit théâtre de magie de la galerie Vivienne sur les conseils d’un certain Voisin. Un jour, ce même monsieur Voisin, codirecteur du Théâtre Robert Houdin, comprend que ses associés sont décidés à vendre et pense au jeune Méliès pour reprendre l’affaire. Il lui en touche deux mots. Fou de magie et fortuné depuis qu’il a vendu ses parts de l’entreprise familiale à ses frères, Méliès devient en 1888, à vingt-six ans, propriétaire et directeur du théâtre Robert Houdin. Créé par le grand magicien français du même nom, ce théâtre est alors une institution parisienne depuis déjà plus de cent ans, connu en cette fin de siècle pour ses lanternes magiques et ses pantomimes lumineuses. Méliès y fera venir un public varié et fidèle. Artistes, inventeurs, comédiens et comédiennes se retrouvent au théâtre. Méliès tombe alors sous le charme de Jehanne d’Arcy, aujourd’hui reconnue comme la première star de l’histoire du cinéma.

En cette fin de siècle, les inventions pleuvent. Bricoleur et illusionniste hors-pair, Georges Méliès s’intéresse à tout ce qui pourrait un peu plus émerveiller le public de son théâtre. Ses spectacles préfigurent alors ce que seront ses films. En 1891, il crée un pantomime fantastique, le décapité récalcitrant, dont certains éléments se retrouveront dans le film du même nom. Cette même année, il monte l’un de ses meilleurs spectacles, Les farces de la Lune ou Les Mésaventures de Nostradamus. Dans Voyage dans la Lune (1902), on retrouvera quelques scènes du pantomime de 1891. L’année suivante, Méliès assiste à une expérience qui l’impressionne et qui est sans doute à l’origine de son engouement pour les images animées : la salle du musée Grévin présente le théâtre optique d’Émile Reynaud. Une suite de pantomimes lumineuses sont projetées sur un écran. Grâce à une illusion d’optique, le mouvement est recréé. C’est, en quelque sorte, le premier film d’animation de l’Histoire. Méliès est un visionnaire, il perçoit immédiatement d’immenses possibilités derrière cette invention.

À la même période, les bureaux d’un certain Antoine Lumière, père de Louis et Auguste, se trouvent au-dessus du théâtre Robert Houdin. Ce dernier, croisant un jour Georges Méliès, lui propose de venir voir une étrange machine au Salon indien du Grand Café. Méliès découvre alors le film La sortie de l’Usine Lumière à Lyon réalisé par Louis Lumière. Subjugué, convaincu de l’usage spectaculaire et artistique qui pourrait être fait du cinématographe, Georges souhaite l’acheter, mais Antoine Lumière refuse. Georges Méliès se met alors en tête de créer sa propre machine d’enregistrement d’images et de projection. Il l’appellera le kinétographe : une synthèse de l’animatographe de l’anglais William Paul et de l’isolatographe des frères Isola, deux célèbres prestidigitateurs.


La période phare

En 1896, Georges Méliès réalise 80 films. Le premier, Une partie de cartes, sera tourné dans le parc de la maison de Montreuil. Lors de l’un de ses premiers tournages, il découvre un « truc ». Aujourd’hui, nous dirions « trucage » ou « procédé cinématographique ». Alors qu’il filme un bus place de l’Opéra, sa machine se bloque. Le temps qu’il remette la pellicule correctement et recommence à filmer, l’omnibus a été remplacé par un corbillard. Dans sa salle de projection, il découvre les images avec stupéfaction. La boîte de Pandore s’est ouverte. Georges Méliès sera l’inventeur des tout premiers trucages de l’histoire du cinéma. Dans Escamotage d’une dame au théâtre Robert Houdin (1896), Jehanne d’Alcy disparaît comme par magie sous un tissu pour réapparaître ensuite sous la forme d’un squelette et enfin reprendre sa place dans la salle, bien vivante. En 1897, Méliès fait construire dans le parc de la maison familiale de Montreuil un studio aux dimensions exactes du théâtre Robert Houdin. Une grande verrière permet de profiter de la lumière du soleil pour tourner, tout en étant protégés du froid et des intempéries. Pendant près de vingt ans, Georges Méliès y tournera des films qu’il écrira, dont il fabriquera les décors et dans lesquels il jouera. 

 

   
Le studio de Georges Méliès à Montreuil (1897)

En 1898, Georges Méliès réalise Un homme de têtes. Sur un fond sombre, s’avance un magicien, interprété par Méliès lui-même. Ce film connaît un vif succès. Par son astuce simple et efficace (pour se démultiplier, il rembobine le négatif à l'intérieur de la caméra pour une nouvelle impression sur la pellicule) il ravit le public. Le déshabillage impossible (1900) ou Le mélomane (1903) qui usent de procédés similaires suscitent le même enthousiasme. Entre 1895, année de l’invention du cinéma, et 1903, Georges Méliès invente le fondu enchaîné, les premières publicités, la première série - inspirée de l’affaire Dreyfus -, le gros plan. Il a également l’idée de placer la caméra en plongée totale et de faire ramper ses acteurs sur le sol pour donner l’impression qu’ils gravissent un immeuble à mains nues. Entre 1902 et 1903, sa carrière est à son apogée. La cour royale du Royaume-Uni lui propose de réaliser le film du couronnement du roi anglais Édouard VII. Le sacre d’Édouard VII sera présenté à la cour en 1902. Les films de Méliès sont montrés dans les foires, notamment à la Foire du Trône. Achetés au mètre, ils enrichissent leur réalisateur et producteur qui ne perçoit même pas la concurrence grandissante. Cette même année 1902, Paul Méliès, le fils de Gaston, alors passionné par le roman De la Terre à la Lune et autour de la Lune de Jules Verne souffle à son oncle l’idée d’un film qui mettrait en scène une petite société savante partie en excursion sur la Lune. Qu’à cela ne tienne, ce sera Le voyage dans la Lune, le plus grand succès de Méliès. Le film sera copié et vendu dans le monde entier sans que Méliès ne touche le moindre centime. À l’époque, le copyright n’existe pas...

               
       Le Voyage dans La Lune - Un homme de têtes - Le Déshabillage impossible - Le Mélomane

La chute

Victime de plagiats et d’escroqueries, Méliès peine à faire confiance aux autres et refuse à maintes reprises les propositions d’associations qui lui sont faites, notamment celle de Charles Pathé dont l’empire grandit peu à peu. Pendant les dix premières années du cinéma, Méliès règne en maître sur le milieu du spectacle cinématographique, mais au bout d’une petite quinzaine d’années, on se lasse de ses fééries. Le public apprécie désormais des films réalisés en extérieur avec des histoires plus réalistes. Malgré cela, Méliès reste farouchement attaché à son univers et n’acceptera jamais de « vendre son âme au diable ». Pourtant, les petits diables sont peut-être les personnages qui hantent le plus son cinéma. Lorsque la guerre de 1914 frappe le pays, l’activité de Méliès décline déjà. Son frère Gaston, qui a ouvert une succursale des productions Méliès aux États-Unis, gère mal ses affaires et participe à la ruine du premier cinéaste de l’histoire. Dans un accès de désespoir, Méliès brûle la majorité de ses films dans le parc de la maison de Montreuil. Pendant la guerre, malgré les épreuves, Méliès reste l’homme gai, inventif, honnête et chaleureux, que ceux qui l’ont connu ont toujours décrit. Avec ses deux enfants, alors que sa femme est malade, il transforme son studio de cinéma de Montreuil en salle de théâtre et joue des opérettes qui ravissent un public profondément déprimé et anxieux. Au sortir de la guerre, en 1923, il est cependant ruiné. Il a perdu sa maison, ses studios, ses films et son théâtre. Il est contraint de quitter Paris et vit un temps aux Sables d’Olonne avec sa famille. 

À la fin des années 1930, après le décès de sa femme Eugénie, Méliès retrouve celle avec laquelle il a déjà passé une partie de sa vie : Jehanne d’Alcy. Elle s’appelle en réalité Fanny. Fanny tient une petite boutique de bonbons et de jouets de la gare Montparnasse. N’ayant plus aucun autre horizon, Georges Méliès se remarie et devient également tenancier du magasin. Un jour, un journaliste passe par la gare et entend ce nom, Méliès. Il demande au vieil homme à la barbe blanche s’il a un rapport avec le Méliès du cinéma et Georges répond : « Oui, c’est moi. » Journalistes, cinéphiles, artistes exhument peu à peu l’œuvre et l’homme de l’oubli. En décembre 1929, huit films de Méliès sont retrouvés par hasard en Normandie. Un grand gala est alors organisé à la salle Pleyel en son honneur. Méliès présente ses huit films devant une salle de mille personnes qui l’ovationnent pendant de longues minutes. C’est un triomphe. En 1931, Louis Lumière parraine Georges Méliès lorsqu’il reçoit la Légion d’honneur. Lors de la cérémonie, l’inventeur du cinématographe, Louis Lumière, présente Méliès comme le créateur du spectacle cinématographique. Un juste retour des choses pour ce premier grand artiste du cinéma.

Malgré ces signes de reconnaissance, Fanny et Georges Méliès, son père et Madeleine, sa petite fille, dont la mère, Georgette, est décédée, vivent dans des conditions extrêmement difficiles. En 1932, la Mutuelle du Cinéma accueille la famille dans son Château d’Orly. C’est une période en demi-teinte qui s’ouvre. La famille vit enfin confortablement, mais loin du tumulte parisien qu’elle a toujours connu, esseulée. Néanmoins, Méliès est membre de différentes sociétés liées au cinéma et participe notamment aux débuts de la Cinémathèque française. À l’Exposition universelle de 1937, Méliès, qui fut tant marqué par celle de 1900, donne une conférence où il est très applaudi. Peu de temps après, il tombe malade et meurt, le 21 janvier 1938. 


Éternel Méliès

Le parcours de Georges Méliès est particulièrement romanesque. Il a dédié sa vie aux mirages de l’illusion, à la joie du spectacle, à l’émerveillement qu’il suscite. Aujourd’hui, grâce au travail de ses petits-enfants, notamment de sa petite fille, Madeleine Malthête-Méliès, ainsi qu’à celui des cinémathèques du monde entier, 200 films ont été retrouvés sur les 520 qu’il a réalisés. Restaurés, recolorisés, copiés d’un support nitrate - hautement inflammable - à un support acétate, ses films voyagent à travers le monde et nous permettent de nous replonger dans cette époque, au moment incroyable de la naissance du cinéma. Méliès restera à jamais celui qui a perçu l’ampleur à venir de ce que l’on n’appelait pas encore le septième art. Venant du monde de la magie et du théâtre, il a réalisé des films aussi émouvants que surprenants, dont la vocation première était d’émerveiller les gens. Aujourd’hui, ces derniers peuvent paraître, surtout à un public adulte, emprunts d’une certaine naïveté, mais il faut les regarder avec les yeux de l’histoire qu’ils portent. Les enfants, quant à eux, sauront, dès le plus jeune âge, apprécier la magie et la poésie qui se dégagent de chacun d’entre eux. 

 

Benshi est partenaire de la rétrospective Méliès à la Cinémathèque française !

La Cinémathèque met à l'honneur Georges Méliès dans une programmation spéciale anniversaire : le 8 décembre 2021, Georges Méliès aurait eu 160 ans !

Séance spéciale - Hugo Cabret
Mercredi 8 décembre à 15H

Hugo, jeune orphelin, vit dans une gare parisienne. Il veut à tout prix ranimer le seul souvenir qui lui reste de son père : un automate. Sa rencontre avec un commerçant de la gare, autrefois cinéaste, va tout changer. Martin Scorsese rend un hommage magnifique à la vie et à l’œuvre de Georges Méliès que l’on découvre entouré de toute une troupe pour réaliser en studio les premiers films féériques du cinéma.



Hugo Cabret de Martin Scorsese - 2010 (VOSTF, 122 min). À partir de 7 ans.
> Réservations

 

Ciné-spectacle - La Baraque Enchantée 
Dimanche 30 janvier et mercredi 2 février - 15H

« Chaque année, Renée et Marcel attendent impatiemment l'installation de la Foire du Trône, en bas de chez eux. De toutes les baraques foraines, c'est celles où l'on peut voir des spectacles cinématographiques qu'ils préfèrent, et une, tout particulièrement, où les films d'un certain Georges Méliès sont projetés… ». Pour recréer l'ambiance des premières séances de cinéma accompagnées de musique et de boniments, le conteur Julien Tauber et l'accordéoniste Alice Noureux ont inventé une histoire qui entraîne petits et grands à la rencontre du magicien de Montreuil.

Spectacle musical (70 min). À partir de 6 ans.
> Réservations

 

AUTOUR DE L’EXPOSITION GEORGES MÉLIÈS

Visite du musée en famille
Magie, voyages extraordinaires, trucages en studio, pour tout savoir sur Georges Méliès, une visite guidée en famille qui permet aux enfants de partir à la rencontre du premier magicien du cinéma.
Tout public à partir de 8 ans. Tous les samedis à 16h. Durée 1h30.

 
Fais ton cinéma avec Méliès 

Pour prolonger la découverte de l’œuvre de Méliès, fil conducteur du nouveau Musée de la Cinémathèque, une expérience pratique permet d’expérimenter l’un des « trucs » utilisés par le cinéaste dans ces films : l’arrêt de la caméra. Tous les dimanches du 5 décembre au 6 mars.
6-8 ans : 14h30 / 9-11 ans : 16h00

Rédigée par Marine Louvet