Une mère et son fils se rendent chez un tailleur et son apprenti pour leur commander la confection d’un costume de mariage. Hossein et Mamad, deux camarades d’Ali, le jeune apprenti, tentent alors tour à tour de le convaincre de les laisser porter le costume avant sa livraison…
Dans ce moyen métrage du réalisateur iranien Abbas Kiarostami, le premier plan s’ouvre sur des rideaux de fer qu’on remonte pour découvrir le lieu de l’action : un ensemble d’ateliers et de boutiques à Téhéran, organisé sur deux étages agrémentés de balcons, et qui surplombe une cour intérieure. Ce lieu de passages et d’échanges, Kiarostami l’utilise comme un véritable théâtre pour nous conter le drame caché qui se joue dans les escaliers et arrière-boutiques, derrière le récit du quotidien, apparemment anodin. Contrairement à ce que le début du film nous laisse supposer, l’enjeu ne va en effet pas être de savoir si le costume commandé par une mère pour son fils sera fabriqué à temps, mais qui pourra le porter en secret le temps d'une soirée, avant qu’il ne soit livré. Entre mensonges et coups de bluff, deux adolescents, Mamad et Hossein, s’affrontent ainsi pour convaincre Ali, l’apprenti tailleur, lui-même pris entre les arguments de chacun et la nécessité de dissimuler ces tractations au maître tailleur. Comme dans nombre de ses autres films et notamment l’un de ses plus connus, Où est la maison de mon ami ?, Kiarostami filme avec beaucoup de justesse, de sobriété et de force les conflits et dilemmes qui agitent ses jeunes protagonistes, loin du regard des adultes qui ne se doutent pas des drames se nouant près d'eux. Au plus près des émotions de l’enfance et de l’adolescence, Le Costume de mariage est un film qui nous tient en haleine jusqu'au bout, à partager entre petits et grands spectateurs !
Lire la suite MasquerPremiers courts métrages
Diplômé de la faculté des Beaux-Arts de Téhéran, d'abord graphiste et affichiste, Abbas Kiarostami a ensuite dirigé le département cinéma de l’Institut pour le développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes à Téhéran. C’est dans ce cadre institutionnel qu’il a réalisé une quinzaine de courts métrages entre 1970, date de son premier film Le Pain et la Rue, et le début des années 80. Le Costume de mariage fait partie de ses premières réalisations dans lesquelles Kiarostami affirme son style, caractérisé par une grande attention au réel associée à la mise en place d'une véritable narration.
Dans la cinématographie iranienne
Outre les courts métrages cités ci-dessus, Abbas Kiarostami a consacré plusieurs de ses longs métrages au monde de l’enfance sur lequel il pose toujours un regard chaleureux : Le Passager (1974), Les Elèves du cours préparatoire (1985), Où est la maison de mon ami ? (1987), Devoirs du soir (1990). Tous ces films furent d’ailleurs également produits par l’Institut pour le développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes, institution qui participa aussi à l'émergence d'une production d'œuvres pour le jeune public en Iran. Les enfants et adolescents ont par ailleurs été très souvent mis en scène comme personnages principaux dans d'autres œuvres emblématiques de la cinématographie iranienne, telles que notamment Le Ballon blanc (1995), Le Miroir (1997) ou Hors jeu (2006) de Jafar Panahi ou encore Bashu, le petit étranger (1986) de Bahram Beyzaie et Le Tableau noir (2000) de Samira Makhmalbaf.
Lire la suite MasquerLe film peut se découvrir à partir de 8 ans si on est à l'aise avec les sous-titres.