Dans le Japon en guerre des années 40, Mahito perd sa mère dans un incendie. Son père se remarie avec Natsuko, la jeune sœur de sa défunte épouse. Cette dernière vit dans une gigantesque demeure isolée dans la campagne japonaise, c’est aussi là que grandit jadis sa mère. Entre quatre vieilles femmes, un étrange héron et une tour abandonnée, le début d’un monde s’ouvre pour le jeune Mahito.
Dans ce film, le génie Miyazaki met en scène un enfant qui doit faire face, trop tôt, au deuil de sa mère. Isolé dans une bâtisse qui lui est inconnue, avec une « nouvelle Maman », comme se présente à lui la sœur de sa défunte mère, et quatre vieilles femmes aux visages si ridées qu’elles semblent porter des masques, le jeune garçon cherche à défier l’ennui. Dès son arrivée, un héron s’approche étroitement de lui. Très vite, l’échassier se révèle maléfique, mais Mahito est prêt à se battre. Intrigué, le garçon suit l’animal jusqu’à une étrange tour. Pour le jeune enfant, combattre le héron, c’est accepter la disparition de sa mère et l’imperfection du monde. Mais aussi, retrouver Natsuko, sa belle-mère enceinte perdue dans la forêt.
Sur le chemin, l’oiseau prend figure humaine, s’incarnant en un petit homme à l’allure peu sympathique. Il entraîne alors Mahito dans un monde parallèle fait de tunnels, de couloirs labyrinthiques, de portes dérobées, de lumière découpée dans le néant. Embarqué dans une épopée fantastique pleine de créatures étranges, l’enfant fait la connaissance de Kiriko, une navigatrice pleine de bravoure, de Himi, une petite fille aux pouvoirs de feu, des wara-wara, mi œufs mi lucioles et d’étranges perruches à la solde d’un roi diabolique. Chacun de ces personnages l'accompagne sur le chemin qui le mènera à sa mère et à la fin de l’enfance. Un vieil homme aux allures de sage, qui ne peut pas ne pas faire penser à Miyazaki lui-même, offre à l’enfant les clefs pour faire se tenir son monde.
Au-delà de sa narration, le film frappe par ses inventions plastiques et sa virtuosité technique. Qu’ils soient réalistes ou totalement imaginaires, les décors sont saisissants de beauté. Face à la délicatesse des dessins des éléments naturels (l’eau, le feu, la végétation, la roche), face aux multiples explosions colorées des univers traversés par Mahito, le plaisir des yeux semble illimité. On se laisse aller au voyage, pris par une expérience visuelle intense.
Dans ce douzième long métrage, on retrouve les thèmes chers au cinéaste japonais, la fragilité de notre terre, de nos vies et la force magique qui peut émaner des êtres et de l’amour qui les unit.
Lire la suite MasquerL’œuvre d'Hayao Miyazaki est une œuvre majeure du cinéma d’animation mondiale et japonais. Le Garçon et le Héron est le douzième long métrage du maître de l’animation japonaise. En 2013, Hayao Miyazaki, alors âgé de 72 ans, avait annoncé sa retraite. Dix ans plus tard, en 2023, il signe finalement son douzième long métrage avec Le Garçon et le Héron.
L’histoire du film est basée sur un roman pour enfants intitulé Le livre des choses perdues de John Connolly, publié en 2006. Il s’inspire par ailleurs d’un autre roman, Et vous, comment vivrez-vous ? de Genzaburô Yoshino (1937).
Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter notre article en hommage à la carrière de Hayao Miyazaki, ainsi qu'à l'univers des studios Ghibli : https://guide.benshi.fr/news/hayao-miyazaki-le-retour-du-maitre-de-l-animation/318
Lire la suite MasquerLe Garçon et le Héron est pétri de références à l’histoire de la littérature et de la peinture. Comme chez de très nombreux artistes visuels (bédéistes, illustrateurs et cinéastes d’animation), on retrouve l’influence des planches de Winsor McCay (Little Nemo), notamment dans les personnages. Le héron devenu humain rappelle Flip, la créature maléfique qui entraîne toujours Nemo à faire le mauvais choix.
Avec vos enfants, vous pouvez jeter un coup d’œil au magnifique tableau L’Île des morts du peintre d’origine suisse Arnaud Bocklïn, une œuvre sublime représentant une personne drapée de blanc, emmenée par une silhouette noire, sur une barque vers une île sombre faite de roches et de cyprès. Cette même île est tout à fait reconnaissable dans le film de Miyazaki.
Lire la suite MasquerDu fait de sa durée et de son rythme soutenu, le film peut être découvert à partir de 10 ou 11 ans. Certaines images peuvent choquer des spectateurs sensibles (le décès de la maman emportée par le feu), même si le trait de l’auteur adoucit même les situations les plus violentes.