Un conte peut en cacher un autre
Oubliez les contes tels que vous les avez toujours connus et laissez-vous raconter, par le loup en personne, la véritable histoire de Blanche Neige, du Petit Chaperon Rouge, des Trois Petits Cochons, de Cendrillon et de Jack et son haricot magique. Vous découvrirez ainsi pourquoi le loup désirait tant se venger du Petit Chaperon Rouge, comment cette dernière et Blanche Neige sont devenues amies, à quel point Jack et Cendrillon étaient fait l'un pour l'autre, et ce n'est pas tout !
Et si le loup devenait conteur, le Petit Chaperon Rouge une justicière tout droit sortie d'un film de Tarantino (je laisse deviner aux adultes lequel ou plutôt lesquels) et l’un des Trois Petits Cochons un banquier sans scrupule ? Revisiter les contes avec humour dans un film d’animation, en les transposant dans le monde moderne, c’est le défi relevé avec succès par les cinéastes Jakob Schuh et Jan Lachauer, qui avaient déjà respectivement réalisé Le Gruffalo et La sorcière dans les airs.
De nouveau, la société de producton Magic Light Pictures adapte un classique de la littérature jeunesse anglaise, plus précisément ici un roman de Roald Dahl, mais à l'inverse des fois précédentes, les réalisateurs-scénaristes n'ont pas sagement reproduit à l'identique le livre en question. Ils ont déjà commencé par se débarasser de la petite, mais tout de même encombrante, Boucle d'Or pour broder autour des cinq autres contes un fil conducteur de taille et totalement inédit, celui du "pourquoi du comment" le loup nous raconte toute cette histoire. Point de loup narrateur dans l'oeuvre originale ni de rencontre entre Blanche Neige et Le Petit Chaperon Rouge, alors que dans le film, les récits s'entremêlent sans causer aucune gêne. "Pas de bon film sans bon scénario", comme diraient certains. Cette adaptation est particulièrement bien construite, se déroulant en 61 minutes tout juste, avec un montage aux petits oignons. C'est une affaire rondement menée, mais non sans suspens. Loin de là, on se croirait d'ailleurs, avec ce "court" long métrage divisé en deux parties, dans un excellent thriller : une même séquence mise en scène de deux manières différentes, un travelling circulaire à 360° et le tour est joué ! L'intrigue principale voudrait bien se faire passer pour secondaire, mais la seconde partie ne laisse plus de place au doute. Le loup a beau ne pas vouloir trop éveiller les soupçons, les spectateurs sont malins et tout cet habillage cinématographique est bien sûr destiné à tester leur attention.
Raconter des histoires, tout un art auquel l'artiste prend plaisir pour ensuite le partager avec petits et grands. C'est bien ce qu'apprendra malgré lui le loup d'Un conte peut en cacher un autre. Ainsi, même si le coup du manche d'aspirateur était déjà dans le roman de Roald Dahl, on ne peut s'empêcher de penser que le loup du film improvise cette partie du conte pour amuser le petit garçon du Petit Chaperon Rouge, alors que son intention de départ était bien moins bienveillante. Pas de grand méchant loup puni mais un pas si grand méchant loup grandi, ce qui change de la morale habituelle. Les illustrations pleine de fantaisie de Quentin Blake, célèbre dessinateur et collaborateur de l’écrivain se transforment ici habilement en décors et personnages en volume, qui trouvent un point d'équilibre parfait entre une esthétique 3D dans l'air du temps et de belles trouvailles visuelles venant aussi bien de l'architecture, que de la peinture et du cinéma américain.
A la fois originale et très fidèle, cette adaptation ne manque pas de saveur et aurait sans aucun doute enchanté Roald Dahl!
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La genèse du film
La couverture du roman, sur laquelle sont dessinés des enfants dans les bras d'un loup, qui lui-même tient un livre ouvert dans ses pattes, est à l'origine du film de Jakob Schuh et Jan Lachauer. Cette couverture est d'autant plus amusante et étonnante qu'elle ne fait référence à aucun passage du roman. L'affiche du film s'inspire d'ailleurs très clairement de cette couverture.
Roald Dahl
Ecrivain anglais né en 1916 et mort en 1990, Roald Dahl a d'abord travaillé pour une compagnie pétrolière et été pilote d'avion pour la Royale Air Force pendant la seconde guerre mondiale, avant de prendre la plume pour les adultes au début des années 50, puis pour les enfants en 1961, avec James et la pêche géante. De nombreux autres romans suivront dont Un conte peut en cacher un autre en 1982. Selon la légende, Roald Dahl aurait aussi été espion et aurait fait une découverte médicale...
L'adaptation
Tout comme le roman, le film est en vers. Le texte d'origine a en grande partie était conservé mais, bien entendu, il a fallu ajouter du texte car celui du roman n'aurait pas été suffisant au regard de la longueur du film. L'une des grandes forces de cette adaptation est d'avoir réussi, notamment à travers le texte (mais pas seulement), à conserver le ton du roman.
Les producteurs
Le studio Magic Light Pictures basé à Londres et fondé en 2003 a aussi produit Le Gruffalo (que Jakob Schuh a réalisé avec Max Lang), Le Petit Gruffalo, La Sorcière dans les airs (que Jan Lachauer a réalisé avec Max Lang) et Monsieur Bout-de-bois. Michael Rose, l'un des deux créateurs de cette société de production a dans le passé travaillé pour le studio Aardman (Chiken Run, Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou, etc.).
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Lire l'oeuvre originale (éditée en France par Gallimard Jeunesse, collection Folio Cadet) et découvrir les autres romans pour la jeunesse de Roald Dahl : Le doigt magique, La potion magique de Georges Bouillon, Matilda, Le Bon Gros Géant, Un amour de tortue, Charlie et la Chocolaterie, Les deux gredins, Fantastique Maître renard, James et la pêche géante, Sacrées sorcières, L'énorme crocodile, Charlie et le grand ascenseur de verre, etc.
Le roman Un conte peut en cacher un autre sera réédité au moment de la sortie en salles, le 11 octobre 2017.
Voir d'autres films adaptés des romans de Roald Dahl :
Charlie et la Chocolaterie de Mel Stuart (1971) ou Tim Burton (2004)
James et la pêche géante de Henry Selick (1996)
Matilda de Danny De Vito (1996)
Fantastique M. Fox de Wes Anderson (2009)
Le Bon Gros Géant de Steven Spielberg (2016)
Ressources sur Roald Dahl et Quentin Blake sur le web :
Le site internet officiel dédié à Roald Dahl (en anglais) : https://www.roalddahl.com/
Vous découvrirez sur ce site qu'il existe un musée Roald Dahl (le Roald Dahl Museum and Story Center) à Great Missenden (près de Londres, dans le comté de Buckingham) où a vécu et écrit l'auteur pendant 36 ans. Donner le goût de la lecture et de l'écriture aux enfants lui a toujours tenu à coeur, aussi ce musée a été conçu dans cette idée, tout comme la fondation Roald Dahl's Marvellous Children Charity dont s'occupe toujours sa femme.
La page dédiée à l'auteur sur le site Ricochet-Jeunes.org : http://www.ricochet-jeunes.org/auteurs/recherche/1714-roald-dahl
Le site internet officiel dédié à l'illustrateur Quentin Blake (en anglais) : https://www.quentinblake.com/
Un livre sur Roald Dahl :
Moi, Boy (une autobiographie concentrée sur la jeunesse de l'auteur, éditée par Gallimard Jeunesse, collection Folio Junior) : http://www.gallimard-jeunesse.fr/Catalogue/GALLIMARD-JEUNESSE/Folio-Junior/Moi-Boy
Lire d'autres versions détournées du Petit Chaperon Rouge :
- Le petit chaperon vert de Gregoire Solotareff et Nadja, L'école des loisirs, collection Mouche, 1989 (roman, 7-10 ans)
- La petite fille en rouge de Aaron Frisch, illustré par Roberto Innocenti, Gallimard Jeunesse, collection Albums Gallimard Jeunesse, 2003 (album, à partir de 8 ans)
- Un petit chaperon rouge de Claude Clément, Grasset Jeunesse, collection Lecteurs en herbe, 2000 (album, à partir de 6 ans)
Idée de jeu :
A ton tour de détourner un ou plusieurs contes ! A l'oral, à l'écrit, en peinture, en film d'animation... tout est possible !
Et bien entendu, si tu ne les connais pas, n'hésite pas à lire les contes que Roald Dahl a emprunté à des auteurs (Charles Perrault pour Le Petit Chaperon Rouge et Cendrillon, les frères Grimm pour Blanche Neige et Cendrillon et des auteurs inconnus pour Les Trois Petits Cochons et Jack et le haricot magique) qui eux-mêmes n'ont pas tout à fait inventé ces histoires, souvent très anciennes.
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Pour savourer pleinement ce film et s'amuser des décalages avec les contes d'origine, mieux vaut connaître ses classiques ! Benshi conseille donc Un conte peut en cacher un autre à partir de 6/7 ans (et pas en-dessous) et sans aucune limite d'âge. Quelques références artistiques destinées plutôt aux adultes (mais que les enfants peuvent aussi reconnaître) sont glissées dans un décor du film, mais je vous laisse le plaisir de les repérer vous-mêmes ! En plus de la version française, le film sortira aussi en version originale sous-titrée français, raison de plus pour le faire découvrir aux plus grands.
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